Quand le travail manuel devient matière à penser

Pourquoi faudrait-il choisir entre théorie et pratique ? Entre le travail intellectuel et le travail manuel ?

Notre système éducatif semble s’être peu à peu désintéressé de l’intelligence pratique. En parallèle, le monde du travail manuel perçoit encore difficilement l’intérêt du lien avec la réflexion théorique. Deux univers qui s’ignorent alors qu’ils gagneraient à collaborer.

En France, l’intelligence manuelle reste souvent perçue comme « secondaire ». La valorisation des études théoriques et la spécialisation des savoirs ont contribué à creuser le fossé entre ceux qui « pensent » et ceux qui « font ».

Pourtant, plus on segmente les connaissances, plus on perd la capacité à relier les idées. Et plus on sépare la tête des mains, plus on oublie que la compréhension du monde passe aussi par le geste, la matière, l’expérience concrète.

Faire dialoguer savoirs et savoir-faire

Partir du concret, du manuel, du matériel pour enseigner une théorie : tel est le défi relevé par De l’or dans les mains, association créée par Gabrielle Légeret en 2021. Sa mission : « faire découvrir les métiers manuels à la jeune génération en replaçant la pratique manuelle au cœur de la pédagogie. »

Au-delà de la sensibilisation dans les écoles, De l’or dans les mains mène aussi un travail de recherche et de plaidoyer sur les enjeux culturels, économiques et écologiques liés à la revalorisation du travail manuel.

Ce travail a donné naissance à un ouvrage collectif majeur : En finir avec les idées fausses sur les métiers manuels et l’artisanat, publié en août 2025 sous la direction de Gabrielle Légeret.

« À travers l’expertise de 47 artisans, enseignants, chercheurs, entrepreneurs et acteurs de terrain, cet ouvrage déconstruit une à une les idées fausses qui collent encore à la peau des métiers manuels et de l’artisanat. De l’ébéniste au philosophe, en passant par l’inspecteur de l’éducation nationale ou l’enseignant, ces voix portent de concert l’impérieuse nécessité de replacer l’intelligence artisanale au cœur de notre projet de société. »

Réconcilier le manuel et le théorique, c’est sans doute l’un des grands défis éducatifs et culturels de demain.

Car apprendre à penser avec les mains, c’est aussi apprendre à penser autrement : plus lentement, plus concrètement, plus en lien avec son territoire — et à redonner de la valeur à ce qu’on produit, comme aux ressources qu’on utilise.

En finir avec les idées fausses sur les métiers manuels et l’artisanat, Gabrielle Légeret