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Le Musée de la porte à Pézenas
Crédits: Philippe Conan

Le Musée de la porte à Pézenas

Philippe Conan
par Philippe Conan - Publié Il y a 4 ans
Le Musée de la porte à Pézenas
Crédits: Philippe Conan

Musée de la porte à Pézenas



Le musée de la porte se situe en Occitanie dans la ville de Pézenas au n°5 de la rue de Montmorency.



Dans la même rue, à quelques mètres du musée se trouve l’atelier de Serge Ivorra, le créateur du musée. J’ai rendez-vous avec lui pour faire cette visite, il m’accueille devant son atelier et nous commençons par discuter de portes qu’il est en train de réaliser actuellement.



Avant d’aller voir le musée, la visite de l’atelier s’impose car ce n’est pas un atelier comme les autres. L’atmosphère est magique de par les voûtes en pierre qui constituent l’atelier et l’odeur du bois qui nous enivre.





Des gabarits et des anciens ouvrages d’art sont accrochés aux murs, des portes sont en fabrication et d’autres attendent d’être restaurées. Il y a une porte en robinier pour les jardins de la ville prête à être posée et une autre porte faite de planches croisées reliées par des clous forgés retournés est en cours de fabrication.


Aussi une reproduction de presse à percussion pour la reliure est visible dans un coin de l’atelier. Celle-ci est en platane et a fait appel à différents corps de métier pour recréer le volant de serrage. Que du bel ouvrage dans cet atelier.


Serge Ivorra est Compagnon du Devoir de Liberté, il a fait son tour de France dans les années soixante-dix et il s’est installé à son compte en 1976 dans son village d’origine. L’idée de créer un musée de la porte est venue d’une merveilleuse façon. Quelques portes étaient entreposées devant son atelier et ses filles s’amusaient à décrire les ouvrages aux passants. Elles venaient d’animer les premières expositions sans le savoir.



Le musée ouvre ses portes en 1993 et ce sont plus de cent portes qui sont actuellement exposées. Mais il n’y a pas que du bois, comme le souligne Serge Ivorra, les métiers de la ferronnerie et de la serrurerie sont étroitement liés à celui de la menuiserie.


La visite du musée commence par une description générale des portes datant du XVème au XXème siècle. Il y a aussi des contrevents, des volets intérieurs, des fenêtres, des exemples de plafond à la française avec entrevous et même la conception d’un bouclier romain, extraordinaire. Et encore bien d’autres surprises tout aussi surprenantes attendent les visiteurs.


Tous ses ouvrages sont visibles dans les cinq pièces du musée. C’est une vraie mine d’or pour le jeune menuisier qui souhaite apprendre le métier, pour le menuisier confirmé et pour le profane qui découvre l’univers de la menuiserie.


Les portes nous parlent, elles nous montrent de par leur conception l’évolution des encadrements en taille de pierre. La clef des linteaux en pierre dépassait et le menuisier faisait le tour avec la moulure. Ensuite cette clef en pierre a été arasée,  le linteau est devenu droit, facilitant la mouluration en partie haute de la porte.



On peut découvrir que les premières serrures étaient à l’extérieur de la porte. Les gens fermaient leurs demeures en sortant et ce n’est qu’avec le temps que nous avons placé la serrure à l’intérieur pour nous protéger de ceux qui voulait entrer chez nous.


Exemple d’une serrure en bois ou la clef est un morceau de bois comportant deux tenons.




L’Egypte est présente avec une porte à barres assemblée à queues d’arondes. Les montants et traverses sont en jujubier et les planches clouées sont en palmier. Cette porte pivotait sur un bourdon, pivot en bois réalisé à l’extrémité du montant et fermait par un système de bois coulissant dans des entailles.




Quand on visite le musée plusieurs assemblages sont visibles car des ouvrages sont présentés en éclaté. Des entailles de fiches nous révèlent que celles-ci étaient réalisées avec une mèche à bois et sur d’autres pièces de bois, les coups de scie nous indiquent le sens du sciage. Aussi, on peut observer qu’un montant de fenêtre est assemblé avec un trait de Jupiter pour obtenir la longueur souhaitée. Quelques fenêtres à petits bois montrent les différentes manières d’assemblages existantes.




Plusieurs portes ont en partie basse des planches clouées en applique, rien de bien spécial se dit on en passant, ça fait partie du style. Mais il n’en est rien, c’est bien du « répétassé» dit Serge Ivorra en enlevant cette fameuse planche qu’il a fixé sur charnière. On découvre alors que les panneaux de porte étaient symétriques. Avec les intempéries ceux-ci ont souffert et ont été dissimulés.



   



Parmi les portes, une imposte cintrée en plan et en élévation et une persienne ronde à lames pivotantes (on remarquera les petites entailles de dégagement des lames).



   



Comme je l’ai évoqué plus haut, le travail du fer est mis en valeur soit dans des vitrines soit  sur des panneaux muraux. Un choix de paumelles moustaches, de targettes, de clous à capuchons, de heurtoirs, de gonds, de crapaudines est proposé afin d’apprécier le travail des métaux.


   


  



Il y a aussi une fenêtre à guillotine en état de fonctionnement, celle qui figure dans l’encyclopédie Diderot et D’Alembert. On découvre comment les ferrures était misent en valeur sur une porte et un système ingénieux de ferme porte qui était utilisé au théâtre de Pézenas. Toutes ses solutions techniques montrent l’évolution de nos métiers du bâtiment.


     


                                                    



                      

Un véritable travail de conservation est effectué afin de sauvegarder notre patrimoine. Certaines portes ont même été reproduites à l’identique afin de proposer aux visiteurs des ouvrages remarquables dans tous les styles. Des portes murées ont été découvertes lors de travaux sur un chantier et ainsi sauvées pour être exposé au musée.



Chaque ouvrage présenté à un style, une histoire, un détail, une moulure qui font que ce musée est remarquable et que tous les amoureux des métiers du bois et du fer devraient visiter.



  


  


 


Serge Ivorra a plus de cinquante chantiers de référence au niveau de la restauration et de la restitution d’ouvrage. Plusieurs reconnaissances telles que des trophées d’excellence et prix de sauvegarde du patrimoine sont à son actif. Son atelier est classé « Entreprise du patrimoine vivant » et « Entreprise des monuments historiques » alors, une visite guidée par Serge Ivorra vous plonge au cœur d’un métier et de notre histoire.



Philippe Conan
Rédigé par Philippe Conan
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