Vin désalcoolisé : confirmation d’un marché prometteur

Apparu il y a quelques années déjà, le marché des vins sans alcool continue sa progression.

Le vin sans alcool : une tendance grandissante en France

En France, la tendance des vins désalcoolisés connaît un essor remarquable. Désignées sous le terme « no-low », ces boissons sans ou avec peu d'alcool, gagnent chaque année plus d'adeptes. Ces vins connaissent une croissance annuelle de 13 %, alors que les vins classiques progressent de seulement 1 %. Cette forte progression s'observe malgré un coût de désalcoolisation plus élevé de 10 à 20 % pour produire ces vins.

À ce rythme, le marché pourrait représenter 30 milliards de dollars d'ici 2025, à comparer aux 400 milliards du marché global du vin.

Les principales raisons de cet engouement sont variées : la recherche d'une consommation réduite en alcool (40 %), une attention accrue à la santé (38 %), une attente différente en goût (33 %) et la volonté de consommer moins de calories (20 %) selon une étude menée par l’IWSR (International Wine and Spirit Research) sur 10 pays clés dont la France. Ce ne sont plus seulement des raisons comme la grossesse qui poussent à éviter l'alcool. La médication, la religion ou encore la pratique sportive sont autant de facteurs encourageant cette nouvelle tendance. Les vignerons l'ont bien compris et adaptent de plus en plus leur offre.

Vin désalcoolisé : les dessous d'un succès surprenant

La consommation de vin diminue en France, sauf sur le segment des vins désalcoolisés qui explose depuis peu. Rencontre avec une vigneronne issue d'une illustre famille bordelaise, qui nous confie ses motivations et son expérience sur la création d'une cuvée de vin désalcoolisé.

https://www.larvf.com/vin-desalcoolise-les-dessous-d-un-succes-surprenant,4808810.asp

Comment produire du vin sans alcool ?

Il existe trois techniques principales pour la production de vin désalcoolisé :

1) L'évaporation sous vide : cette méthode consiste à chauffer le vin sous vide, ce qui fait s'évaporer l'alcool à seulement 40°C. L'alcool est ensuite capturé sous forme de vapeur avant d'être recondensé. Si cette technique de désalcoolisation est économique et écologique, elle présente l'inconvénient de perdre certains arômes du vin.

2) L'osmose inverse : elle permet de séparer l'alcool des autres composants du vin à travers des membranes spéciales. Bien qu'économique, elle altère également une partie des arômes du vin.

3) La colonne à cônes rotatifs (CCR) : le vin traverse une colonne remplie de cônes rotatifs, aidant à disperser le vin pour faciliter l'évaporation de l'alcool. C'est une technique rapide pour de gros volumes, mais aussi la plus coûteuse à cause de ses multiples étapes.

Le goût des vins sans alcool : un enjeu majeur

Le principal défi pour les producteurs de vin désalcoolisé est la conservation du goût. En effet, la désalcoolisation entraîne inévitablement une perte aromatique et de texture. Pour compenser, certains producteurs ajoutent du sucre ou d'autres arômes. Cette intervention peut certes redonner du bouquet au vin, mais elle altère l'équilibre subtil propre à chaque vin, risquant de le rendre méconnaissable. En terme gustatif, les sensations sont plus celle d’une boisson “alternative ”en comparaison avec le vin.

Le bon goût du vin sans alcool

Depuis 10 ans, les producteurs de bière et de spiritueux mettent les bouchées doubles pour développer des produits sans alcool de qualité, mais peu de vignerons ont suivi la tendance. C’est sur le point de changer grâce au travail de plusieurs grands domaines.

https://www.lapresse.ca/gourmand/alcools/2023-01-31/le-bon-gout-du-vin-sans-alcool.php

Réglementation : un cadre en constante évolution

La réglementation autour du vin désalcoolisé évolue constamment pour répondre aux besoins du marché. Au niveau de l'Union européenne, seules l'osmose inverse et l'évaporation sous vide sont autorisées. Selon les normes européennes, un vin est "totalement désalcoolisé" s'il contient entre 0 et 0,5 % d'alcool. Entre 0,5 % et 8 %, il est "partiellement désalcoolisé". En France, la législation n'autorise cette diminution qu'à hauteur de 2 %, ce qui suscite un débat sur la dénomination "vin sans alcool". Certains estiment qu'un vin complètement exempt d'alcool ne devrait pas porter ce nom.

L'adaptation des acteurs du marché des vins désalcoolisés

Beaucoup de marques, telles que J.P. Chenet, Uby, Ackerman, Pierre Zéro ou Freixenet par exemple, se sont déjà lancées sur le marché. Désormais, ce sont les vignerons indépendants qui s'intéressent au vin désalcoolisé. Josef Leitz en Allemagne et Coralie de Boüard à Bordeaux (Montagne-Saint-Émilion), par exemple, cherchent à produire des vins sans alcool de haute qualité. À Paris, des caves comme "Le Paon Qui Boit" et des sites comme Gueuledejoie.com se spécialisent dans cette offre. Certains sommeliers, à l'image de Xavier Thuizat, meilleur sommelier de France (le Crillon), se spécialisent sur les accords mets-vins sans alcool.

Le vin désalcoolisé s'affirme donc comme une alternative prometteuse, reflet d'une évolution des préférences et des préoccupations des consommateurs.