Avez-vous déjà entendu parler des FabLabs ? Ces laboratoires ouverts à tous donnent accès à des outils de fabrication numérique dans une démarche open source. Venu des États-Unis, le concept s’est largement développé en France ces dernières années, attirant professionnels, artisans, passionnés, étudiants ou même particuliers.
Je vous propose ainsi d’en apprendre plus sur les FabLabs en France, et les opportunités qu’ils offrent aux artisans, notamment les tapissiers :
Qu’est-ce que les FabLabs ?
Le concept de “FabLab” a été créé par Neil Gershenfeld, professeur au MIT, à la fin des années 1990. Il découle également de cours très populaires dans cette université. Ces « laboratoires » locaux ont pour mission de rendre possible l’invention en donnant à des personnes l’accès à des outils de fabrication numérique.
Les Arts et Métiers le résument ainsi : « Vous pouvez utiliser le fab lab pour fabriquer à peu près n’importe quoi (dès lors que cela ne nuit à personne) ; vous devez apprendre à le fabriquer vous-même, et vous devez partager l’usage du lab avec d’autres usagers et utilisateurs ».
Basés sur les principes d’ouverture et de collaboration, ces laboratoires s’appuient sur des machines de fabrication numérique ainsi que des réseaux permettant de s’échanger des fichiers dans le monde entier. Un objet peut donc être conçu dans un fab lab, fabriqué dans un second puis enfin amélioré dans un troisième. Les FabLabs s’inscrivent ainsi dans une logique « open source » : le savoir est gratuit et échangé librement, afin d'améliorer les produits à plusieurs sans limitation de propriété intellectuelle. Travailler autrement, sur des projets collaboratifs, tout en partageant connaissances et compétences, c’est un peu l’ADN de ces tiers-lieux.
Qu'est-ce qu'un FabLab ?
En France, on retrouve les premières initiatives FabLabs dès 2009. Elles se sont formées principalement dans les grandes villes : Artilect FabLab Toulouse en 2009, puis Ping, Nybi.cc et Net-iki en 2011, le FabLab de l’université de Cergy-Pontoise, les LabFab de Rennes5, de Lannion et de Montpellier en 2012, etc.
Il y a maintenant un fort développement en zone rurale, notamment autour de problématiques de low tech comme l’impression 3D, ou aussi des problématiques d’économie circulaire ou de respect de l’environnement.
D’après le RFFLabs, réseau français des FabLabs, la France est même aujourd’hui l’un des pays les plus équipés en FabLabs du monde. Sur le site du réseau, il est possible d’accéder à une carte de France de ces derniers. Vous pouvez ainsi facilement repérer les fablabs proches de vous.
Comment fonctionnent les FabLabs ? Quel est l’intérêt pour les artisans ?
Les FabLabs fonctionnent généralement sur le principe d’un abonnement, souvent à l’année et assez peu cher. Certains sont même subventionnés par l’État ou par les collectivités.
Comme l’explique Alexis Cazeaux, architecte-designer et précédemment coordinateur Pôle numérique chez les Compagnons du Devoir, ces laboratoires offrent également de nombreuses opportunités aux artisans : mutualisation des ressources, partage de connaissances, outils, réseau, etc. Ainsi, on trouve des outils de fabrication numérique qui sont des outils de prototypage : pour de la petite fabrication pour de la maquette par exemple.
Ce ne sont donc pas des outils numériques de professionnels. Généralement, les fab labs abritent des imprimantes 3D, des outils de découpe laser, de petits usinages à commande numérique, ainsi que des brodeuses numériques ou des plotteurs de découpe.
L’idée est alors de mettre en commun ces outils pour la conception de produits. Les machines de fabrication permettent de faire ce qu’on ne peut pas faire à la main. Cela offre alors aux artisans des possibilités supplémentaires, notamment pour tester de nouvelles choses. Une fois qu’on est content du prototype, on peut exporter le projet.
Le Fab Lab peut alors servir d’incubateur, pour faire émerger des projets innovants, ou même simuler un pôle Recherche et Développement pour des artisans ayant de petits moyens, d’autant que les matériaux n’y sont généralement pas très chers.
Enfin, ces lieux sont ouverts à différents types de professionnels (et pas que). C’est ainsi une ouverture à d’autres cultures de travail et métiers. On peut rencontrer des passionnés, des professionnels, des jeunes, des retraités, etc. Ce sont ainsi des lieux enrichissants, qui font réfléchir et avancer sur nos métiers et l'artisanat. Du fait de ces profils multiples, il y a aussi possibilité de créer du lien social ou de former un réseau professionnel, notamment dans les Fab Labs spécialisés en textiles et matériaux souples.
Une opportunité pour les tapissiers ?
Ces Fab Labs représentent une opportunité certaine pour les artisans de la tapisserie. Tout d’abord, il est possible de former un réseau solide sur place. Ensuite, tout ce qui est produit dans un fablab reste dedans, il n’y a donc pas de propriété intellectuelle de l’artisan. Mais comme le souligne notre interviewé, il peut être intéressant de partager avec les autres artisans ses trouvailles et inversement.
Cela permet d’accéder à de nouvelles méthodes de travail collaboratif, à des idées innovantes, de tester et de perfectionner avec d’autres professionnels passionnés. C’est donc un bon moyen pour enrichir ses propres savoir-faire et progresser dans son artisanat !
Les FabLabs permettent aussi de se questionner sur la place du numérique dans son usage professionnel grâce aux outils mis à disposition. Et même si on est « anti numérique », on pourra trouver du réseau humain dans ces espaces d’émulation créative !
Les Fablabs mode et textile - Textile Addict
Il existe déjà en France plusieurs FabLabs dédiés aux matériaux souples, comme Homemakers situé à Paris. Mais il existe également Le textile lab à Lyon, Le fablab emode à Cholet ou encore Les Nouvelles Grisettes près de Montpellier. Des écoles de design et de textile disposent aussi de FabLabs intégrés, comme celui de l'École Supérieure d'Art de Clermont Métropole.
Et bonnes nouvelles pour les métiers de la tapisserie : il est assez aisé de trouver des Fablabs orientés vers le design et le textile, car ce sont ces métiers qui ont porté ce concept dans ses premières heures !
Les ATN, les « fab labs » des Maisons de Compagnons
Cet article est aussi l'occasion d'évoquer les Ateliers de transformation numérique (ATN) des Compagnons du Devoir, dont nous avait parlé Alexis Cazeaux, précédemment coordinateur d’un pôle numérique, Direction Recherche et Développement des Compagnons. Ces ATN sont des ateliers similaires aux FabLabs. Ils ont été montés dans les Maisons de Compagnons. Réservés aux apprenants, ils favorisent la créativité chez les jeunes grâce aux outils numériques.
L'objectif de former et accompagner les artisans a permis de préserver à la fois l’employabilité des personnes et la performance de l’entreprise. En plus de formations au numérique, c’est un lieu pour les artisans qui démarrent dans leur activité. Ils y trouvent de la place, des machines, de la formation et de l’apport d’affaires.
Dans les prochaines années, 3 ATN nouveaux vont être ouverts à Rennes, Angers et Strasbourg. Ces initiatives de FabLabs agréées ou non se multiplient ainsi d’années en années.
Certains se spécialisent dans des domaines précis, comme le design textile, cuir et matériaux souples. Avez-vous justement des Fab Labs dans ces métiers à nous partager ?
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