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Les cosmétotextiles : le bien-être intégré aux tissus
Crédits: ©Ksenia Chernaya - Pexels

Les cosmétotextiles : le bien-être intégré aux tissus

Alice Chevallier
par Alice Chevallier - Modifié Il y a 5 mois
Les cosmétotextiles : le bien-être intégré aux tissus
Crédits: ©Ksenia Chernaya - Pexels

Raffermissants, amincissants, apaisants, stimulants, thermorégulateurs… Lancés au début des années 2000, les cosmétotextiles poursuivent leur évolution avec des tissus aux nombreuses promesses cosmétiques. Le point sur une filière en mouvement.


1. Le cosmétotextile, un textile microencapsulé

Les cosmétotextiles sont des matières dites « intelligentes », permettant de libérer des principes actifs imprégnés dans le tissu. Le Bureau de Normalisation des Industries Textiles et de l’Habillement en a livré une définition complète : « Un cosmétotextile est un article textile contenant une substance ou une préparation destinée à être libérée durablement sur les différentes parties superficielles du corps humain, notamment l’épiderme, et revendiquant une (ou des) propriété(s) particulière(s) telle(s) que nettoyage, parfum, modification d’aspect, protection, maintien en bon état ou correction d’odeurs corporelles. »


Concrètement, un cosmétotextile est un tissu microencapsulé conçu en deux étapes distinctes : d’un côté, la fabrication du tissu, du fil jusqu’au tissage ou tricotage puis à la teinture. De l’autre, le choix d’actifs connus pour leurs propriétés cosmétiques, enfermés dans des microcapsules invisibles à l’œil nu qui les protègent et les préservent.


Ces microcapsules sont ensuite fixées sur le tissu, à la surface ou au cœur des fibres, à raison de plusieurs milliards de capsules par cm². Lorsqu’il entre en contact avec la peau, le tissu imprégné entame la phase de « relargage » : l’enveloppe des microcapsules se rompt sous l’effet de la pression, du frottement, du pH, de la température ou de l’humidité, libérant progressivement les actifs à la surface de la peau. Porter un vêtement en tissu microencapsulé reviendrait ainsi à appliquer les soins cosmétiques sur la peau de façon continue et prolongée, afin d’en renforcer l’efficacité.


Cosmétotextile et dermotextile

Tous deux classés dans la catégorie des textiles actifs, les cosmétotextiles et dermotextiles n’utilisent pas la même technologie. Un cosmétotextile s’appuie sur des microcapsules pour libérer ses actifs. Un dermotextile, lui, s’appuie sur des microparticules. C’est par exemple le cas du textile thermorégulateur Gold reflect Line® de Ceramiq®, un tissu recouvert de fines particules de roches volcaniques, incorporées au polymère et imprimées sur la surface.


2. Les usages des cosmétotextiles

Si les actifs microencapsulés dans les cosmétotextiles sont aujourd’hui variés, les premiers essais portaient sur le parfum. En 1996, en pionnier, Hermès parfume ses carrés de soie avec sa fragrance Calèche, suivi quelques mois plus tard par Lancôme sur des pochettes de soie. En 1998, la cosmétotextile fait une première incursion en haute couture grâce aux robes parfumées du défilé Olivier Lapidus, avant la lingerie avec les sous-vêtements parfumés Neyret.


En 1999, le premier collant hydratant DIM ouvre de nouvelles pistes de diversification : à la fin des années 2000 arrive le premier tissu thermorégulateur, puis les tissus amincissants. Les cosmétotextiles exploitent aujourd’hui un vaste champ d’applications : amélioration de la circulation sanguine, action anticellulite, amincissante, drainante, hydratante, raffermissante, sculptante, anti-odeurs… Au fil des années, Mixa a lancé un T-shirt anti-UV dans un textile microencapsulé de filtre solaire, Wrangler un jean microencapsulé d’agents hydratants et un autre en tissu imprégné d’actifs anti-cellulite.


La technologie est également explorée dans le domaine paramédical, avec des produits parfois appelés « texticaments » : une manchette diffusant des anti-inflammatoires contre le tennis-elbow, par exemple. Les textiles et lingettes imprégnées de biocides, comme les tissus anti-moustiques, ne sont en revanche pas considérés comme des cosmétotextiles d'après le rapport technique CEN/TR 15917, de l'AFNOR.


3. Textile thermorégulateur, tissus amincissants : les innovations des cosmétotextiles

La filière fait face, aujourd’hui encore, à deux défis majeurs : maximiser les performances des actifs, et surtout les fixer durablement. Les microcapsules doivent résister à l’usure et aux lavages, tout en libérant les cosmétiques de façon progressive et aussi prolongée que possible. À l’heure actuelle, la durée maximale d’un vêtement ou accessoire en cosmétotextile est de 30 lavages. Au-delà, le tissu imprégné perd ses propriétés cosmétiques, les microcapsules étant vides. Certaines marques proposent des solutions de recharge pour en prolonger l’utilisation, comme SKINUP avec son pulvérisateur d’actifs phytomarins.


Du côté des cosmétotextiles minceur, la recherche concerne aussi le tissu lui-même, avec des textiles techniques visant à renforcer l’efficacité des actifs. Lytess, pionnier du collant « minceur », combine par exemple des actifs cosmétiques naturels à des fibres textiles de pointe et des procédés de tricotage techniques, adaptés à la zone du corps, pour concilier confort et performance. Le tissu lui-même devient gainant, sculptant ou massant, et le reste une fois les microcapsules vidées. Le principe est le même pour SKINUP, autre poids lourd du secteur avec Unik Technology® : le procédé associe des fibres intelligentes contenant des minéraux thermorégulateurs, un tricotage 3D sans coutures dit raffermissant, et des actifs phytomarins microencapsulés. Ces actions concernent une longue liste de produits: legging, corsaire, shortys, culotte, brassière, tee-shirt, body, collant, panty, de jour ou de nuit, pour femme comme pour homme, à la frontière entre vêtements et sous-vêtements.


Autre champ d’application en développement, la cosmétotextile « carewear », des vêtements visant le bien-être. La marque Marie et Marie, notamment, développe des pièces textiles microencapsulées de sérums, associant huiles essentielles et végétales pour tonifier, apaiser ou régénérer la peau. La marque de foulard Emotis, quant à elle, encapsule des fleurs de Bach, utilisées en thérapie florale, dans des foulards visant à rétablir l’équilibre émotionnel.


L’un des leaders du textile thermorégulateur, Outlast®, poursuit pour sa part le développement de sa technologie conçue à l’origine pour la NASA : la cire microencapsulée permettant de réduire la transpiration jusqu’à 48%, selon l’entreprise, est utilisée par des fabricants de literie, de linge de lit, de vêtements de sport ou le loisir, de chaussures et de semelles, de sièges et de technologies médicales… mais aussi toujours en recherche d’amélioration, par exemple avec la technologie Xelerate redistribuant plus rapidement la chaleur.







Alice Chevallier
Rédigé par Alice Chevallier
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Designer
Designer prototypiste. Spécialisée dans la conception de dispositifs et équipements en textiles techniques et matériaux souples dédiés aux activités et sports de plein air, au transport et protection d'équipements. En veille sur les matériaux innovants, les nouvelles technologies.

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