Le bostryche et l’utilisation du bois scolyté

Actuellement, lorsqu’on se promène à travers les forêts européennes d’épicéas, nous pouvons y trouver un certain goût d’automne. En effet, des couleurs rouges s’installent sur ces résineux, comme par exemple dans le Jura où bien même dans les forêts du sud de la Belgique ou de la forêt noire en Allemagne et en République tchèque.

Ces taches rouges sont le résultat d’une attaque d’un coléoptère appelé plus communément le bostryche. C’est un insecte corticole, c’est-à-dire qu’il vit sous l’écorce des arbres affaiblis ou morts. 

Historiquement cet insecte mesure 5 mm à l’âge adulte. Il a déjà été détecté dans les Vosges et le Jura depuis la sécheresse de 1947 car il s’est beaucoup développé à travers les arbres renversés par les tempêtes de 1946.  Dans l’année 2019, trois millions de mètres cubes de bois ont été attaqués et le chiffre devrait croître en 2020. 

L’invasion se produit sous l’effet de trois facteurs :

• la sécheresse annuelle 
• le stress hydrique 
• l’affaiblissement de l’arbre 

La sécheresse annuelle déclenche un stress hydrique du conifère.

Ce stress aboutit à un affaiblissement de l’arbre et c’est après ces trois étapes que le bostryche commence à intervenir en creusant des galeries pour assurer sa ponte.

La circulation de la sève subit une perturbation et l’arbre finit par mourir prématurément. 

Il y aurait des solutions pour lutter contre cet insecte comme l’introduction du pic tridactyle qui est plus efficace que les pièges. Il est capable de manger 2000 larves par jour et il peut y avoir jusqu’à 15000 bostryches par arbre. 

Cet oiseau est très rare en France et plus présent en Suisse. Pendant la coupe sanitaire d’épicéas déjà infectés, son habitat est détruit car il niche dans ce même conifère. 

Toutefois, dans l’hypothèse où l’épicéa finirait par disparaître, la forêt restera. En conséquence, le biotope changera par l’intermédiaire d’essences de bois plus résistantes à la chaleur, comme le chêne vert ou le chêne pubescent. Mais on n’oubliera pas que c’est la filière bois qui restera affectée autour du marché de l’épicéa.

En République tchèque, un appel d’offre public d’environ douze millions d’euros a été publié en vue d’assainir des zones contaminées par le scolyte. 

De nombreuses études européennes démontrent que l’épicéa scolyté conserve ses propriétés mécaniques s’il est extrait rapidement de la forêt. Toutefois, le bois reste marqué par le passage de l’insecte. Ce dernier comporte des taches bleues ce qui entraîne une dévalorisation du prix.

En vérité, lors d’une construction de maison en bois, lorsque le doublage englobe toute la structure bois il est impossible d’apercevoir les tâches bleues. Cette couleur bleu est obtenu par un défaut de photosynthèse de l’arbre qui est obtenu par des petits champignons que transporte lui-même le bostryche.

Contrairement aux tâches de couleurs de l’échauffement du bois, cette légère marque bleuâtre n’altère en rien la résistance mécanique. Par contre cela entraîne une perte de 30 à 50 % pour cent après avoir purgé les parties tapissées de galeries. En effet, les parties attaquées sont toujours en périphérie de l’arbre. Elles peuvent atteindre jusqu’à deux centimètres de profondeur.

Ces chutes de bois étaient auparavant utilisées pour l'industrie de la palette mais malheureusement cette dernière a rehaussé ses critères de sélection de bois. Actuellement, ces rebuts sont difficilement recyclés en bois de coffrage mais largement acceptés pour la fabrication de granulés ou plaquettes à bois pour le chauffage.

A l’heure actuelle le prix de l’épicéa scolyté est de 10 euros maximum le mètre cube. 

En 2017, le bois sain sans scolyte se vendait 90 euros, ce qui est inquiétant pour la sylviculture européenne.

Une bonne action civique a été exécutée, lors d’un appel d’offre public, comme par exemple la volonté de choisir du bois scolyté lors d’une construction en bois d’une recyclerie à Maîche dans le Doubs.

En effet un architecte a volontairement rédigé son cahier des charges avec l’appui de l’interprofession bois Bourgogne- Franche- Comté et la Fédération des communes forestières.

Le bois provient de la commune de Maîche et a été scié et séché par une entreprise locale. 

Le bois scolyté peut être utilisé dans les sections finies rabotées en mm :

• 90x45
• 120x45
• 145x45
• 220x45  

En faisant des finitions peinture, la réalisation des charpentes apparentes peuvent être entreprises. A l’instant même, au plan national, la préconisation du bois scolyté à travers les dossiers de consultation d’entreprise serait prématurée.

En effet, tout le stock n’est pas prêt à l’usage car il n’est pas encore sec. Cependant, si cette mesure gouvernementale pouvait s’appliquer cela apporterait un second souffle aux exploitants forestiers.

Ce problème que nous observons est observé depuis 1946. Il devient inquiétant pour l’avenir des forêts d’épicéas mais dans le fond, nous assistons à un cycle naturel de la chaîne alimentaire.

Dans l’hypothèse où l’épicéa finirait par disparaître dans les régions décrites, la forêt restera. En conséquence, c’est le biotope qui changera par l’intermédiaire d’essence de bois plus résistante à la chaleur, comme le chêne vert ou le chêne pubescent. Aussi d’autres pays du monde peuvent fournir de l’épicéa. C’est avant tout un problème de sécheresse qui affecte les essences qui ne sont pas naturellement résistantes. Nous ne pouvons pas rester insensibles aux personnes qui subissent au premier rang cette catastrophe naturelle dont leur économie est en jeu. Ces entreprises familiales qui depuis plusieurs générations participent activement à l’économie de leurs régions ont vraiment besoin d’aide. Il ne faudrait pas que la sylviculture connaisse le même sort de certains agriculteurs français.