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La réparation dans la mode
Crédits: Freepik

La réparation dans la mode

Maeva Chapelle
par Maeva Chapelle - Modifié Il y a 2 mois
La réparation dans la mode
Crédits: Freepik

Depuis plusieurs mois, la filière TLC (textile, linge de maison, chaussure) prône un mode de consommation par la réparation, notamment par la mise en place du "Bonus Réparation".


Alors, quel bilan pour ce bonus, six mois plus tard ? Comment convaincre les entreprises d'intégrer la réparation de leurs produits dans leur offre ? Comment inciter le consommateur à réparer plutôt que de jeter ?


Bonus Réparation, où en est-on ?


Le Bonus Réparation, initié par ReFashion et lancé en novembre 2023, propose au consommateur de bénéficier de réductions lors d'une réparation TLC. Aide de 6 à 25€, elle s'applique à tous les vêtements et chaussures (hors lingerie, vêtements en cuir et/ou en fourrure) dans les cordonneries et retoucheries labellisées.
Pour plus d'informations et l'accès à la carte des artisans, c'est ici

En juin dernier, Elsa Chassagnette, responsable du fond réparation chez Refashion, a fait le bilan du Bonus Réparation à M+6 :
_ 1200 points de réparation labellisés, dont 26% appartenant à des marques
_ 450000 réparations réalisées avec le bonus
_ 8€ de bonus moyen par service
_ 15€ en moyenne de reste à charge pour le client, prix aligné à celui du neuf (14,50€)

L'objectif, aujourd'hui, est de renforcer l'offre, d'accroitre le nombre de réparateurs labellisés et les rendre plus visibles, sensibiliser le public et les clients et faire monter en compétence les artisans, notamment, vers la réparation des baskets et sneakers.
En effet, la basket représente 60% des chaussures vendues en France, alors que 95% des réparations en cordonnerie concernent des chaussures de ville en cuir. Un véritable enjeu dans le monde de la formation pour que les cordonniers puissent se diversifier. Refashion et la Fédération Française de la Cordonnerie développent d'ailleurs actuellement une formation spécialisée sneakers pour les artisans.


Les potentiels de la réparation 


Plusieurs organismes et sociétés ont publié récemment des études et rapports qui mettent en avant l'écoresponsabilité et l'intérêt de la réparation dans le secteur du textile et de la mode, pour les entreprises et les consommateurs.
      _ Rapport "Etat des lieux et perspectives du marché de la mode circulaire en France" par Accenture et la Fédération de la Mode Circulaire : recyclage, réemploi, réindustrialisation, réparation et upcycling sont ici étudiés et mis en perspectives pour notre consommation future. Retrouvez l'étude ici
      _ Le site d'information responsable The Good Goods s'est associé à Les Raccommodeurs sur la perception du service réparation chez les marques de mode. Stratégie service client, RSE ou sourcing, pour 75% des répondants, la réparation est nécessaire même s'ils s'interrogent sur la rentabilité du modèle. L'analyse de cette étude n'est pas encore publiée, mais ici, un post teasing.
      _ Le livre blanc "Réparer la mode" publié par Fashion Green Hub. Pendant plus d'un an, le groupe de travail, rassemblant une dizaine d'entreprises, s'est retrouvé toutes les six semaines pour débattre du sujet de la réparation et partager leurs actions et expérimentations mises en place au sein de leur structure. Leur publication relate ces retours d'expériences et figure les potentiels de la réparation.


Des solutions testées


Plusieurs enseignes de luxe et de prêt-à-porter, de la fast fashion au haut de gamme, proposent de plus en plus de services de réparation dans leurs boutiques ou ateliers, tels que Armor Lux, Hermès, Louis Vuitton, Patagonia, Faguo, Sezane, Longchamp, Kiabi, Zara, Levi's, The North Face...
D'autres services digitalisés se sont totalement spécialisés dans la réparation de vêtements et chaussures, comme Tilli qui met à contribution des couturiers indépendants géographiquement proches du client pour des retouches, des réparations ou de l'upcycling, ou les Réparables qui proposent un autodiagnostic en ligne puis un envoi du produit en atelier pour réparation.

Chacune de ces enseignes expérimente et tente des solutions de réparation différentes qui ont plus ou moins de succès.
IKKS a ainsi choisi de développer un service de réparation uniquement sur les vêtements Homme pour des retours concluants. Leur service de retouches déjà en place est valorisé et amélioré par la réparation, l'offre est alors rentable dans leur cas. Elle permet également de s'interroger sur le design et la conception des produits de leur marque pour augmenter leur durabilité et leur réparabilité (invention du bouton diabolo facilement démontable). Forts de leur succès sur les produits Homme, IKKS souhaite élargir son offre aux produits Femme, la chaussure et la maroquinerie dans un premier temps.
En plus de proposer de la mercerie et des pièces détachées pour réparer soi-même ses vêtements, Mondial Tissus met en place des ateliers couture et réparation dans ses magasins pour inciter au Do It Yourself (DIY) tout en proposant un service de réparation par leurs vendeuses et vendeurs formés. Ces ateliers, qui accueillent 40000 personnes par an dans une dizaine de magasins français, permettent de toucher une nouvelle cible et d'apporter de nouveaux clients.
Maniet ! Luxus, quant à eux, proposent la réparation externalisée des chaussures de leurs propres marques pour conscientiser les consommateurs à l'entretien et la réparabilité de leurs produits. Malgré plusieurs essais infructueux, l'entreprise persiste et continue à développer ses démarches RSE, dont la réparation, pour trouver le modèle qui lui correspond le mieux. Ce sont les premiers à offrir ce service en Belgique francophone, qui ne profite pas du Bonus Réparation.

Enfin, les membres du groupe de travail autour du livre blanc "Réparer la mode" sont à l'origine d'une initiative collective : Raccommode. Du 20 avril au 27 juin 2024, les couturières professionnelles de l'atelier Fou de Coudre ce sont installées dans un corner d'Euralille pour sensibiliser à la réparation. Cette boutique éphémère en plein cœur du centre commercial, a permis de tester ces services et leur viabilité économique. Véritable succès, l'atelier a d'abord intéressé les curieux puis les commandes se sont rapidement succédées, jusqu’à dépasser l'offre. Bilan et analyse de cette boutique expérimentale dévoilés en septembre.


Quel futur pour la réparation ?


Se tourner vers la réparation permet de répondre à des enjeux économiques et environnementaux. Tout en gérant son budget, le consommateur prend conscience de l'impact de ses vêtements et chaussures et accorde une attention plus importante à leur entretien. Pour l'entreprise intégrant ce service, elle permet d'améliorer la qualité de ses produits et d'optimiser son expérience et sa relation client en fidélisant le consommateur.

L'auto-réparation connait également un réel engouement grâce à nombre de livres, vidéos, formations et tutoriels spécialisés largement accessibles au grand public. Elle propose une offre diversifiée avec des réparations invisibles ou visibles qui permettent de customiser et personnaliser les vêtements de chacun, pour une véritable originalité.

Aujourd'hui, l'un des plus gros freins rencontrés concerne la formation des artisans, pas assez nombreux à proposer une offre de réparation, notamment pour la basket, malgré la demande du consommateur. Comment revaloriser la réparation dans les référentiels de formation ? Comment faire monter les artisans en compétence en s'adaptant à ces besoins futurs identifiés ?  

Sources d’inspirations

Restitution Livre Blanc Réparer la mode - 25 juin 2024
Maeva Chapelle
Rédigé par Maeva Chapelle
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Chargée de mission au Pôle Energie et Environnement

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