Une grande majorité de professionnels du textile doit faire face à la question des stocks dormants, qu’il s’agisse de tissu ou de cuir. Un problème logistique et financier qui nécessite surveillance et anticipation pour éviter l’accumulation.
Sommaire
1 / La problématique d’un stock dormant
On les appelle stocks dormants, ou « sleeping stocks » en anglais, voire stocks morts ou « dead stocks ». Dans l’industrie de la mode et du textile, ces matières premières inutilisées sont issues de surplus de commande, d’annulations, d’invendus, de restes ou de défauts de production. Et elles concernent aussi bien les maisons de couture que la fast fashion, les fabricants de tissu que les tanneries ou tous les artisans de la filière cuir et textile.
La problématique d’un stock dormant de tissu est double : il occupe de l’espace, parfois avec un important coût de stockage, et bloque des capitaux sans générer de trésorerie. Savoir le limiter et/ou l’écouler présente donc un intérêt logistique et économique. S’y ajoute l’aspect écologique. À l’ère de l’upcycling (le recyclage avec revalorisation), l’utilisation des stocks dormants permet aux créateurs de limiter l’impact environnemental de leur production de vêtements et d’accessoires, en donnant une seconde vie à des matériaux existants. Il s’agit également d’un coup de pouce financier pour eux, puisqu’ils peuvent acheter des chutes de cuir pas cher ou des textiles haut de gamme à prix avantageux. Pour les fabricants et marques qui les écoulent, le déstockage de tissus haute couture peut représenter un soutien à la jeune création et à une démarche écoresponsable.
Les tissus des stocks dormants : une idée écologique… ou pas - Mars'elle
Eviter les stocks dormants
2 / Travailler en flux tendus
La stratégie de flux tendus, ou « juste à temps », consiste à commander, produire ou fabriquer à la demande. Autrement dit, à maintenir les stocks au niveau le plus bas possible et en ne les alimentant qu’avec la quasi-garantie de les écouler.
Cette méthode de gestion drastique n’élimine pas la totalité des stocks dormants pour autant, puisque la fabrication du tissu ou la transformation des peaux entraîne irrémédiablement un pourcentage de défauts difficilement compressible, de même que des tests et prototypes. Elle entraîne également le risque de ne pas pouvoir satisfaire tous les clients si la demande est plus forte qu’anticipé ou en cas de problème de production. En d’autres termes, la rupture de stock, qui selon la taille de l’entreprise et l’information au client, peut être acceptable par celui-ci, ou s’avérer problématique.
Elle peut cependant réduire considérablement le volume de tissus « morts » et à défaut de l’adopter, il est possible de s’en inspirer : plus souple, la méthode du stock tampon consiste à définir un niveau stock minimum raisonnable, adapté à une estimation au plus juste de la demande, complété en flux tendu au fil des commandes.
3 / Rester en veille active
Pour éviter de stocker des produits hors tendance qui ne pourront être écoulés faute de demande, une veille permanente des évolutions du marché est incontournable. Là encore, impossible de tout anticiper : aucune tendance n’est à l’abri d’un revirement intempestif, d’autant plus à l’heure de l’information en continu et des réseaux sociaux.
La veille reste malgré tout un outil utile pour anticiper la demande, établir les prévisions les plus précises possible, et donc de ne pas commander ou produire une matière, un motif, un coloris, une finition qui ne répondraient pas aux attentes des acheteurs. Une veille efficace doit non seulement prendre en compte les tendances du marché, mais aussi la saisonnalité, l’économie, l’actualité, la croissance et l’évolution des ventes en interne.
Que sont les "stocks dormants" ou "dead stocks" et où s'en procurer ? - The Good Goods
Revaloriser des stocks de tissus dormants | uptrade.fr
TISSUS & CUIR : Où acheter les fins de stock et les stocks dormants ? - Textile Addict
4 / Liquider régulièrement ses stocks dormants
Pour éviter l’accumulation de stocks dormants, la solution la plus radicale est de les écouler. De plus en plus accessible pour les marques, fabricants et artisans, le déstockage de tissus haute couture ou de peausseries profite d’ailleurs du fort développement de l’upcycling, et donc d’un nombre croissant de plateformes dédiées, revendant les matériaux avec des réductions de 30 à 70%.
Pionnière du genre, la Maison Valentino s’est alliée dès 2021 à la plateforme Tissu Market pour proposer son stock dormant à des professionnels de l’opéra, du théâtre, du cinéma et de la mode. Une opération nommée « Valentino sleeping stock », dont les bénéfices ont été reversés au programme de transmission du savoir-faire Bottega dell’Arte de la maison italienne. Soutenue par LVMH, la plateforme Nona Source écoule elle aussi les tissus des stocks dormants de maisons de luxe. En Belgique, The Fabric Sales est un revendeur de tissus « deadstock » de créateurs, tandis qu’UPCYBOM vise le monde entier. Trigoodi est un autre acteur du marché, connectant entreprises et créateurs pour revaloriser tous les types de surplus, cuirs, textiles mais aussi matériaux solides, en dépit d’une absence d’activité récente.
Sur le créneau haut-de-gamme, Adapta propose de donner une seconde vie aux cuirs et tissus de grandes marques via des ventes événementielles. Citons également Crearity Luxe, qui sert de bureau d’achat et revend en ligne les matières premières des maisons de luxe, tissus et bientôt cuirs, ou My Little Coupon, dont les tissus revalorisés sont à la fois issus de stocks dormants de haute couture et de prêt-à-porter haut de gamme, en coupons et au mètre. D’autres solutions se développent aussi localement, comme la tissuthèque du Fashion Green Hub à Roubaix ou la coopérative feat.coop en Auvergne-Rhône-Alpes. La proximité entre stocks et créateurs permet, en prime, de limiter l’impact environnemental du procédé.
Adapta
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