La problématique du réchauffement climatique est désormais présente dans tous les esprits. Les scientifiques, les experts ont tiré depuis 40 ans la sonnette d’alarme. Selon eux, nous sommes à l’aube et à l’orée de grands bouleversements. Ces altérations climatiques perturbent la faune et la flore, dont la répartition géographique tend à se déplacer vers le nord. Ces changements impactent notre environnement et touchent plus particulièrement nos productions agricoles, notre santé... Ils font vaciller les modèles de sociétés engendrés par une économie de marché. Au 20ème siècle, les systèmes industriels nationaux et internationaux produisent rapidement en masse pour satisfaire la demande croissante des consommateurs. Au 21ème siècle cette production commence à se restructurer de manière à pouvoir s’effectuer en adéquation avec notre environnement.
A l’heure actuelle le secteur du bâtiment génère environ 40% des déchets en France issus pour la plupart de la décomposition de matières organiques fossiles. Les matériaux issus des fibres végétales redeviennent pour les industriels de vraies innovations pour réduire leur dépendance vis à vis du pétrole. D’une matière première polluante et productrice de déchet, l’industrie se tourne vers l’utilisation de matières premières végétale, animale qui génèrent très peu de déchets non biodégradables.
Cet enjeu est devenu primordial pour nos instances politiques qui depuis le début du 21ème siècle œuvrent dans l’objectif d’obtenir des chantiers produisant un minimum de déchets, soit par le réemploi de matériaux, soit par un recyclage complet de ceux-ci. L’intérêt croissant des constructeurs à se remémorer des constructions passées et de l’emploi de matériaux locaux devient aujourd’hui omniprésent. Les matériaux se classent suivant trois catégories: végétale, animale ou minérale. Les agro-ressources proviennent de matière organique renouvelable, d’une biomasse d’origine végétale ou animale et couvrent actuellement de nombreux produits du bâtiment et de la construction. Elles sont employées comme matière première dans des produits de construction, décoration et de mobilier. Les matériaux d’origine végétale sont produits à partir de : bois, chanvre, paille, miscanthus, bambou, liège, chaume... Les matériaux biosourcés renouvelables d’origine animale proviennent de la laine.
D’après Dominique Gauzin-Müller, critique d’architecture, coordinatrice du Fibra Award, dans son ouvrage « Architecture en fibres végétales d’aujourd’hui », éditions Muséo, 2019, il apparaît que:«Non seulement les plantes n’émettent pas de CO2, mais elles stockent du carbone et participent à un cycle cohérent, du berceau au berceau. Pour produire des matériaux à base de végétaux à croissance rapide, les fibres sont souvent compactées ou mélangées à des liants. Elles peuvent aussi être torsadées, tressées ou tissées avec une grande qualité artistique, en ouvrant des débouchés inattendus à des traditions populaires. L’association au bois, dans un souci de performance et de maîtrise des coûts, apporte un bilan écologique exemplaire».
Un biomatériau est une matière première renouvelable, employé à plus grande échelle cet élément permettra de préserver des ressources minérales et fossiles menacées d’épuisement. De plus, la biomasse valorisée dans la construction émane de ressources importantes. Ces nouvelles filières seront une source de revenu supplémentaire pour la filière agricole soumise à de nombreux tourments.
Des cultures telles que le chanvre, ont de remarquables propriétés agronomiques car elles ne demandent que peu d’apport et permettent une meilleure régénération des sols. L’originalité des filières biosourcées s’applique à des processus économiques différents. Certaines filières ont pour prédestination un développement en circuit court et local alors que d’autres filières ont des intérêts à grande échelle. Cependant, dû à leur émergence, ces filières ne se sont pas encore totalement démarquées et restent sur le marché moins attractives et plus onéreuses. L’appropriation des matériaux provenant de biomasse est pour l’instant affectée à l’envie de certains maîtres d’ouvrage, maître d’œuvre... vis à vis de leur démarche et de leur mise en œuvre.
En majorité les matériaux provenant de la biomasse hormis le bois et le bambou sont aujourd’hui, seulement consacrés à l’isolation dans leur utilisation. Leurs performances sont quantifiables et reconnues par les lois et normes actuelles. Leurs facultés sont du même ordre que d’autres produits. La progression et les nouvelles innovations de produits à partir de bio-ressources ne sont qu’à leurs prémices. Nous voyons par exemple apparaître le cuir de banane, d’ananas et de raisin! Une mise en œuvre de ces matériaux passera par une forte volonté politique d’amener des acteurs locaux, nationaux et internationaux à s’emparer de la production de matériaux fabriqués à base de biomasse. Ce futur secteur dirigé vers une économie circulaire peut employer de nombreux acteurs et producteurs. Toutefois 70% de la surface de notre planète est recouverte d’eau, pouvons nous imaginer un avenir de production de matériaux résultant d’une biomasse marine?
Marc Géhin