« Première Usine - France 2030 »
Charlotte Mazalérat • 16 septembre 2024
L’année 2022 a été marquée par de nombreux défis et l’accentuation de certaines tendances déjà observées ces dernières années qui concernent directement les artisans de la tapisserie d’ameublement. C’est notamment le cas des problématiques liées aux changements climatiques, mais aussi des évènements géopolitiques ou sanitaires à l’international, qui impactent l’approvisionnement en matières premières ainsi que les prix.
Autant d'éléments qui laissent présager d'importants changements pour les artisans tapissiers et garnisseurs, en termes de sourcing de matériaux. Alors quelles seront les matières de demain pour la tapisserie et le garnissage ? Voici quelques pistes de réflexion :
Quel avenir pour les matières synthétiques ?
Raréfaction des matières premières comme le pétrole, émissions de CO2 doivent être diminuées, possible évolution des normes, hausses des coûts de production : on peut désormais penser que certains matériaux synthétiques vont peu à peu disparaître ou devront être remplacés par des alternatives plus économiques ou plus respectueuses de l’environnement. Cela peut être le cas des mousses pour le garnissage, mais aussi de matières comme le nylon, polyester et élasthanne.
Ces matières synthétiques sont produites à partir de pétrole avec des procédés industriels extrêmement polluants. Il y a donc un coût fort pour l’environnement, que ce soit en émissions de CO2, en pollution des sols ou de l’air ou même en termes de santé des travailleurs. Même si on peut arguer de leur recyclabilité, l’usage du polyester, comme du nylon ou de l’élasthanne, devrait s’amoindrir dans le futur. Il en va de même pour les mousses synthétiques pour le garnissage.
Pour les matières synthétiques, le tapissier-décorateur pourra les remplacer par des fibres naturelles comme la viscose issue du bois, les fibres de lait, d’algues, de maïs et de bien d’autres matières biosourcées. Ces fibres sont ainsi obtenues à partir de ressources naturelles avec certes utilisation de procédés chimiques.
Quant à la plume, principalement utilisée pour le garnissage par les tapissiers-villiers, il existe aussi aujourd'hui des alternatives. Comme évoqué dans cet échange, des chercheurs à l'université Aalto en Finlande ont découvert une plante ayant les mêmes propriétés thermorégulatrices au duvet de plume. C'est ainsi une piste pour une solution avec un plus petit impact environnemental que les plumes. Ces dernières nécessitent en effet d'être nettoyées et séchées, et peuvent même être allergènes.
Quels changements pour les matières textiles naturelles ?
Pour les tissus naturels, coton en tête, on devrait également observer des changements. Le coton importé par bateaux de pays respectant peu l’environnement ou les Droits de l’Homme par exemple pourra être remplacé pour la confection ou réfection par des tissus issus de filières locales. En France, dans le Gers, on produit même déjà en agrobiologie du coton made in France !
Mais les artisans de la tapisserie et du garnissage pourront aussi opter pour bien d’autres tissus sourcés localement comme le lin ou le chanvre. Ces deux dernières peuvent être produites en France ou en Europe, et nécessitent peu de ressources en eau contrairement au coton.
Quant au rembourrage ou garnissage, l’artisan tapissier garnisseur pourra à l’avenir se tourner vers des matières naturelles ou végétales, comme le kapok, la laine, la fibre de bois, ou même les graines ou les pépins selon l’utilisation finale.
Enfin, ne pas oublier que les filières de recyclage de textile se développant, les tissus recyclés peuvent être considérés comme des matières de demain dans l’artisanat. Coton, polyester, mais aussi vieux tissus ou chaussettes trouées pourront par exemple servir pour le garnissage de tissus d’ameublement ou pour concevoir des housses !
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