ico-menu.svg
ico-search-org.svg ico-close.svg ico-user.svg
ico-button-back.svg
Prévention-Toxicologie : Les poussières de bois
Crédits: Annanes13

Prévention-Toxicologie : Les poussières de bois

ardouin kevin
par ardouin kevin - Publié Il y a 3 ans
Prévention-Toxicologie : Les poussières de bois
Crédits: Annanes13

Abattage, sciage, rabotage, usinage, ponçage…


Nombreux sont ceux qui participent activement aux métiers honorables tels que : les bûcherons, les scieurs, les charpentiers, les menuisiers, les ébénistes et tous les autres artisans appartenant à la première et seconde transformation du bois. Chacun est exposé aux poussières de bois.


En France, entre 310 000 à 360 000 personnes sont concernées par ce problème. Il s’agit du deuxième déclencheur de maladies professionnelles.


Même si ce n’est pas une partie reluisante de notre métier, nous allons commencer par apprendre la définition de certains termes utilisés par les professionnels de la santé. Par exemple, les CMT :


1. Cancérogène : agent chimique dangereux à l’état pur ou associé pouvant provoquer ou augmenter la survenue d’un cancer.


2. Mutagène ou génotoxique : produit chimique qui modifie la structure de l’ADN contenu dans le noyau des cellules en provoquant leur dégénérescence. L’effet mutagène est la première étape du développement du cancer.


3. Toxique pour la reproduction ou re-protoxique : produit chimique pouvant nuire à la qualité de la fertilité chez l’homme ou la femme, ou porter atteinte au développement du fœtus. 



La toxicité des poussières de bois 


Les poussières proviennent d’un produit végétal sans ajout de produit chimique. Le bois est constitué de nombreuses substances. Ses composants sont les suivants :


  • la lignine
  • la cellulose
  • l’hémicellulose


A cela s’ajoutent les composés phénolés qui apportent certaines caractéristiques au bois comme :


  • sa couleur
  • son odeur
  • son odeur


Les composés phénolés regorgent de stylbènes et de quinones qui ont des propriétés allergisantes et toxiques.

Notons également que le bois contient aussi des résines (résines grasses et terpènes). Les terpènes sont connus pour leur action irritante, allergisante et toxique.

Le bois contient aussi des éléments minéraux : sodium, potassium, magnésium, calcium, phosphore, souffre, silice.

Le tanin est une substance végétale dont les gens du métier connaissent particulièrement. Par exemple, présent dans le chêne, il colore en noir la paume des mains.

Plus ou moins concentré dans certaines parties du bois, sa présence est nécessaire contre la pénétration des bactéries et des champignons. Il existe aussi des tanins condensés qui renforcent l’imputrescibilité du bois de cœur.

En règle générale, nous pouvons identifier deux types de répartitions du tanin dans l’arbre :



Premier type dont le tanin est plus concentré dans le duramen que dans l’aubier

1Chêne rouge, chêne brun et chêne vert
2Châtaignier
3If






Deuxième type dont le tanin est plus concentré dans le duramen que dans l’aubier.


1Erable commun ou sycomore
2Tilleul
3Hêtre


Le tanin contenu dans les poussières est toxique et cancérigène.


Vigilance particulières sur les bois siliceux


La silice est une matière minérale qui compose le sable. Pour son bon développement, chaque essence d’arbre en a besoin en plus ou moins grande quantité. On retrouve cette matière d’aspect au quartz dans le sol. Par les racines et par la sève, son assimilation se retrouve stockée dans les tissus du bois.


La silice se localise essentiellement dans le duramen. Par exemple, elle est très visible sur l’iroko. Sa teneur en silice dans son duramen est si fortement élevée qu’elle peut ressembler à des petits silex.


Il faut être vigilant avec les poussières provenant des bois siliceux. En effet, lorsque ce granulat minéral est réduit en poussières, il devient un agent irritant pour les voies respiratoires. Le CIRC le classe avec certitude cancérogène.


D’un point de vue technique, la silice possède un fort pouvoir désaffûtant. C’est la raison pour laquelle l’usinage doit se faire avec des outils en carbure.




Echantillon de silice en granulat


Liste et teneur des bois siliceux dans le cœur et le duramen :



ArbreTaux de silice dans le cœur et le duramen
Chêne0.006%
Hêtre0.007%
Moabi 1%
Movingui0.5 à 2%
Okoumé1%
Sapin0.003%


Prenons le cas du Moabi.


Le moabi est un arbre fruitier qui produit des fruits seulement tous les trois ans mais pas avant l’âge de 70 ans. Il provient d’Afrique de l’ouest et centrale, de Côte d’Ivoire, du Congo, d’Angola.

Cet arbre est d’une importance capitale dans l’écosystème de la forêt équatoriale. En effet, du fait de ses 30 mètres, il fait partie des pièces maîtresses de la constitution de la canopée. Cet arbre profondément ancré et sacré dans la civilisation pygmée africaine est très convoité par la filière bois en menuiserie intérieure et extérieure.


Il est notamment très apprécié pour ses grandes longueurs disponibles, ses bonnes propriétés mécaniques.

L’aubier se distingue facilement par une couleur grise et se différencie du duramen de couleur brun rosé. Son veinage droit avec contrefil léger, un grain fin et régulier, une maille fine à peine visible complètent ses atouts.

Parfois, le fil du bois peut posséder un aspect ondulé ou frisé.

Ainsi, nous allons étudier les effets dans la première et seconde transformation du bois de moabi.

Des études ont été menées par l’hôpital de Nantes interpellé par la remontée des travailleurs exposés à la poussière de moabi.

Les maladies causées par les poussières de bois sont généralement latentes, c’est-à-dire qu’elles se déclarent 30 à 40 ans après l’exposition aux poussières.


Le cas du moabi est un peu différent, les usagers peuvent ressentir des symptômes après 5 à 10 ans d’exposition.

L’étude a été menée auprès de trois trentenaires qui démontre des apparitions de :


  • céphalées, 
  • écoulement nasal, 
  • rhinite 
  • œdème aux paupières.


Des organisations administratives africaines se sont mobilisées pour voter l’interdiction de l’abattage du moabi afin de préserver son patrimoine naturel. 

Cependant d’autres régions d’Afrique sont toujours exploitables.


Par ailleurs, de nouvelles essences exotiques arrivent sur le marché. Malheureusement, ce ne sont pas forcément les bois les plus sains pour la santé.  

Actuellement, on trouve dans les forêts africaines, asiatiques ou en Amazonie, des essences de bois en voie de disparition. L’homme en est la cause.Par défaut, on coupe les arbres restant dont on ne connaît ni les propriétés toxiques ni les conséquences sur la santé humaine.


La composition exacte du moabi n’est pas connue. Un article publié en 1976 dans « Bois et forêts des tropiques » faisait état d’analyses de la structure qui compose le duramen par les laboratoires du centre technique forestier tropical sur des échantillons de moabi provenant du Gabon et du Congo. Les résultats étaient les suivants (en pourcentage de bois sec) sur un échantillon de duramen scié et séché en moabi.



Composition d’un échantillon de duramen en moabiTaux
Cellulose16.1 à 40.8%
Extrait à l’alcool benzène 5.7 à 9%
Extrait à l’eau 3.4 à 4.1%
Lignine 27,7 à 30.3%
Pentosanes13.7 à 14%
Silice0.059 à 0.33%


Dans le même article, les auteurs considéraient les quantités d’extraits à l’alcool benzénique et à l’eau comme assez élevées et les teneurs en silice comme non négligeables. Les autres constituants se trouvaient dans la moyenne des bois exotiques. Le moabi est un bois très siliceux. 


En effet, ses poussières sont particulièrement irritantes. Cela est dû à la richesse en saponines et en tanins du moabi et en silice.


2-Les poussières de bois, un ennemi parfois invisible.


Dans un atelier la taille des poussières est un élément important :


Taille des poussièresEffets
Comprises entre 10 microns et 100 microns Elles sont de véritables aérosols dans l’atelier.
Comprises entre un et 10 microns Elles sont arrêtées au niveau de l’arbre trachéo-bronchique.
Les plus petitesElles, parviennent jusqu’aux alvéoles pulmonaires. 


Il a été observé que certains postes et certaines machines dégagent plus de poussières que d’autres : c’est le cas de :


  • la machine à ruban 
  • la scie à débit circulaire. 


Dans les hangars de scierie, le climat humide diminue la quantité de poussières dans l’air.




Il existe des contrôles de mesure de poussières contenu dans un mètre cube (m3). Sa valeur ne doit pas dépassée 1mg par m3.


En somme, il est important de posséder une aspiration mais aussi des systèmes d’aspiration sur les machines portatives. Il faut dire aussi qu’il est contraignant économiquement pour l’employeur qui doit fournir cette sécurité. C’est pour cela qu’il existe maintenant une aide financière simplifiée, l’AFS a pour objectif de permettre aux entreprises d’acquérir des systèmes d’aspiration conformes. Cette aide en partenariat avec la CARSAT (Caisse d’Assurance Retraite et de la Santé au Travail) est destinée aux entreprises de moins de 50 salariés.


Les impacts sur la santé des poussières de bois


Lorsque les poussières sont inhalées, elles peuvent rester stockées dans les parois du système respiratoire puis par la suite déclencher certains symptômes tels que : 


  • éternuements, 
  • écoulements nasaux, 
  • gênes oculaires, 
  • pertes de l’odorat.


Des pathologies :


  • fibroses pulmonaires, 
  • rhinites chroniques,
  • bronchopathies, 
  • obstructions nasales,
  • pertes de l’odorat.


Et aussi des pathologies cancéreuses :


  • cancers de l’éthmoïde,
  • cancers des sinus de la face.


Le CIRC (Centre International de Recherche contre le Cancer) a classé les poussières de bois dans le groupe 1, c’est-à-dire celui qui comprend les agents, les mélanges ou circonstances cancérogènes pour l’homme.


Comment se protéger ?


Les différents types de masques existants


  • demi-masque jetable
  • demi-masque à cartouche
  • masque complet


En termes d’équipements, il existe les aspirations et les masques. Il faut aussi se laver le nez avec de l’eau iodée.


Selon l’avis des ORL, toutes les poussières de bois sont considérées cancérigènes. Certains praticiens exerçant depuis de nombreuses années soulignent que ce sont majoritairement les poussières de bois tanniques et les bois exotiques contenant de la silice qui provoquent le cancer. 

Malheureusement, l’essence très appréciée du chêne en fait partie.


Pendant cette période particulière de crise sanitaire, l’utilisation du masque par la population a des répercussions sur les stocks disponibles. Par conséquent, il suffit se rapprocher des fédérations professionnelles qui ont mis en place une procédure de mutualisation des achats ou de consulter la plateforme de la direction générale des entreprises.

Le choix de sélection du modèle de masques doit être personnel et ne doit pas être prédéfini par une tierce personne. En effet, nous pourrions comparer ces masques à des chaussures : Il en existe plusieurs modèles mais certains peuvent être inconfortables.


Il arrive parfois que certaines personnes reconnaissent l’inefficacité et l’inconfort du masque en papier.

Même s’il est lourd, certains optent pour le masque à vernis à double cartouche pesant 420 grammes. Avec ce type de masque, les poussières, même les plus fines sont stoppées à 100%, ce qui est sécurisant. Il existe néanmoins un modèle intermédiaire entre le masque à papier et le masque à vernis.


A titre d’exemple, voici l’un d’entre eux présenté au salon Eurobois 2020 à Lyon :



Points forts :


  • masque en caoutchouc pour plus de confort
  • poids : 140 grammes
  • expiration par valve froide qui maintient l’air frais.


Parfois, il faut essayer d’avoir une pensée systémique : il est trompeur de penser faire des économies en achetant uniquement des masques de première ou haute gamme en papier. En effet, si l’on prend en compte le coût et le temps passé en consultations chez le médecin, il est préférable de songer à acheter un masque de qualité dès le début.


Il serait nécessaire que les personnes exposées en permanence aux poussières soit acteur de leur santé. Dans cette démarche, il peut être judicieux que les employeurs invitent simultanément plusieurs représentants commerciaux au sein de l’entreprise afin de présenter différents modèles de masques ainsi que d’autres équipements de protection individuelle.


Ainsi, cela permettrait à chacun de : 


  • tester le confort et 
  • tester l’aspect fonctionnel
  • sélectionner ou choisir le masque le mieux adapté pour une utilisation quotidienne. En effet, les personnes qui portent des lunettes sont souvent gênées par la buée transmise par la condensation à chaque expiration.


La responsabilité du chef d’entreprise :


Selon le code du travail, l’employeur est tenu d’inscrire dans le document unique, toutes les possibilités de risques encourues par les employés, par l’activité de l’entreprise. Les employés peuvent accéder à la lecture de ce document qui doit être mis à jour chaque année par l’employeur.


En cas d’atteinte, que peut-on faire ? Quel est le professionnel de santé qui peut être consulté en cas de besoin ?  


Il suffit de prendre un rendez-vous chez un médecin généraliste en lui expliquant votre situation professionnelle et votre exposition aux sciures de bois ou bien aux matériaux composites.

Le médecin généraliste n’a pas les outils de précision pour faire un contrôle des sinus dans son cabinet. C’est pour cela qu’il vous prescrira sur ordonnance un scanner dans un établissement comme les centres d’imagerie, cliniques ou bien hôpitaux ainsi qu’une visite chez l’ORL. 

L’attente peut être importante selon les régions. Il est donc nécessaire de prendre rendez-vous dès que possible.


Extrait d’une ordonnance d’un médecin généraliste :




Extrait d’un scanner : vue de face des sinus.



Lors du rendez-vous chez l’ORL, il est impératif de lui transmettre la conclusion de l’examen du scanner.

L’ORL va ensuite faire le bilan médical de la santé de vos sinus. Ce bilan médical sera transmis par voie dématérialisée à votre médecin généraliste.

Au vu de ces chiffres, cela peut motiver notre décision d’accepter le port du masque pendant le travail et faire des lavements nasaux quotidiens.


Pour lutter contre cela et préserver votre santé, il suffit de s’informer sur les produits toxiques. Il ne faut pas se laisser influencer par les avis ni les impressions formulées par certaines personnes non professionnelles de la santé déclarant que ces derniers sont sans danger.

ardouin kevin
Rédigé par ardouin kevin
ico-souples-org.png

ico-comment.png Commentaires

Pour laisser un commentaire, veuillez vous connecter ou vous inscrire.

S’inscrireSe connecter

A voir également