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Le tri des vêtements en vue du recyclage
Crédits: ©Julia M. Cameron - Pexels

Le tri des vêtements en vue du recyclage

Alice Chevallier
par Alice Chevallier - Modifié Il y a 2 semaines
Le tri des vêtements en vue du recyclage
Crédits: ©Julia M. Cameron - Pexels

Chaque année, pas moins de 114 millions de tonnes de déchets textiles sont générés. Parmi les vêtements triés pour être recyclés, seulement 1 % est utilisé pour concevoir de nouveaux vêtements. Face à ces chiffres affolants, une question : que deviennent les vêtements que l’on jette ? Zoom sur les différentes techniques et solutions innovantes en matière de tri des vêtements usagés en vue d’optimiser leur recyclage.


1. Faciliter le recyclage des vêtements grâce à un fil thermosoluble

En Belgique, une startup du nom de Resortecs a inventé un fil de couture innovant permettant de démonter puis recycler les vêtements et les textiles. En effet, le recyclage d’un vêtement implique un démontage qualitatif afin d’éliminer tout composant, étiquettes, boutons ou encore fermeture éclair du tissu. Largement utilisé, le démontage manuel s’avère contraignant, coûteux et limité qualitativement. C’est précisément sur ce problème de démontage que la startup propose une solution à visée écologique.



Le procédé

La startup a travaillé sur la composition chimique de la matière du fil de couture thermosoluble, en changeant la famille de polymère, afin de pouvoir mettre au point des spécificités thermiques permettant de démonter les vêtements par le chaud. Ainsi, lorsqu’un produit textile est chauffé dans le four spécial (à 150°, 170° ou 190° selon le type de fil), tout ce qui a été cousu avec le fil fond et se détache ; contrairement à un fil de couture classique en polyester qui se dégrade, brûle ou casse lorsqu’il est chauffé à haute température. Pour l’instant, trois types de fils sont disponibles en différentes couleurs et épaisseurs.

Au terme du processus, les pièces de tissu restent et peuvent être effilochés ou recyclés puis réutilisés par les professionnels du textile qui pourront en faire de nouveaux fils.

Des marques déjà conquises
Avec son utilité écologique et son aspect innovant permettant de créer des vêtements design-for-disassembly (« conçu pour être démontés »), le fil thermosoluble intéresse les marques de prêt-à-porter. Certaines comme H&M, Décathlon ou encore Bershka l’ont déjà expérimenté : la première a sorti une collection capsule réalisée à partir de ce fil, la deuxième une collection de vestes de ski et la troisième une collection de jeans. Quand on sait qu’avec un jean conçu à partir du fil Resortecs, l’impact CO² peut être réduit de 50 %, la consommation d’eau de 98 % par jean et les déchets de 80 %, l’utilisation de ces fils pourrait permettre à l’industrie du textile d’optimiser le recyclage et limiter son impact sur l’environnement.



2. Une étiquette tissée intelligente pour faciliter le tri des vêtements avant recyclage

La difficulté du recyclage des tissus réside également dans le manque d’informations sur la fabrication des vêtements. Des chercheurs américains ont donc mis au point une étiquette tissée dans le vêtement renfermant un certain nombre d’informations sur les composants. Chaque matériau serait identifié, ce qui faciliterait le recyclage. Pour être lue, l’étiquette devra être passée sous une lumière infrarouge, de la même manière qu’un code barre classique.

Les caractéristiques
L’étiquette serait réalisée à partir de fibre à cristaux photoniques polymères et intégrée directement dans le tissu lors de la conception du vêtement. La particularité étant qu’elle pourrait être identifiée par la spectroscopie proche infrarouge et l’imagerie infrarouge à ondes courtes. Les principaux avantages de cette technique sont liés à sa relative simplicité de mise en place, son coût peu conséquent et son identification précise d’un tissu.

L’intérêt profite aussi bien aux professionnels du textile – avec un recyclage des vêtements facilité – qu’aux consommateurs – qui peuvent avoir une visibilité sur la composition exacte de leurs vêtements. En revanche, certaines marques de prêt-à-porter pourraient voir d’un mauvais œil cette nouvelle étiquette.

Automatiser le tri des textiles : une solution limitée
Autre solution existante mais encore peu utilisée : le tri optique. Actuellement, six sites européens disposent de machines de tri optique. Le principe ? Trier des matières textiles par spectrométrie proche infrarouge. Cette technique n’est pas nouvelle puisqu’elle est couramment utilisée pour séparer le plastique du carton. Toutefois, dans l’industrie textile, le tri optique fait face à certains obstacles :
  • La difficulté d’identifier précisément les mélanges de matériaux et la surface de la matière;
  • L’impact négatif de certains pigments (sombres…) ou traitements sur les résultats ;
  • La difficulté du démontage des produits textiles et du retrait des pièces parasites (boutons, etc.).

Les solutions alternatives seraient alors le recours à l’étiquette tissée pour améliorer la traçabilité textile ou encore l’utilisation du fil. 


3. Le recyclage des vêtements via les bennes de collecte associative : derrière l’action sociale, un business caché

Trier ses vêtements inutilisés afin de les déposer dans une benne prévue à cet effet permet-il véritablement de participer au recyclage textile et de faire un geste pour son prochain et pour l’environnement? Un reportage d’Hugo Clément met en lumière le véritable business qui se cache derrière ces conteneurs à vêtements.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : seulement 1 benne sur 30 aide des personnes dans le besoin. Les 29 autres sont revendues à un immense centre de tri en France et à un entrepôt spécialisé dans le textile d’occasion en Belgique. Ce dernier trie les vêtements en fonction de leur qualité et de leur composition puis revend les plus abîmés en Afrique. Les vêtements qui n'ont pas été revendus seront enfouis sinon incinérés.

Parmi tous les vêtements donnés en France, 3 % seulement sont réutilisés et 54 % sont exportés. Au Ghana par exemple, 15 millions de vêtements exportés sont revendus une fois par semaine sur un marché. 40 % des vêtements qui y sont achetés sont jetés dans la nature, créant de gigantesques décharges à ciel ouvert.

Ainsi, malgré la mise en œuvre progressive de solutions visant à favoriser une industrie durable, le chemin vers une économie circulaire du textile semble encore long.





Sources d’inspirations

Neozone :
Alice Chevallier
Rédigé par Alice Chevallier
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Designer
Designer prototypiste. Spécialisée dans la conception de dispositifs et équipements en textiles techniques et matériaux souples dédiés aux activités et sports de plein air, au transport et protection d'équipements. En veille sur les matériaux innovants, les nouvelles technologies.

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