Jeunes dans le BTP : entre pénibilité accrue et enjeu majeur

Les jeunes actifs – particulièrement dans le secteur du Bâtiment et des Travaux Publics (BTP) – se trouvent aujourd’hui à un carrefour déterminant de leur parcours professionnel : si leur motivation est souvent forte, leurs conditions de travail et les risques qui y sont associés nécessitent une attention toute particulière.

Des conditions de travail souvent pénibles

Selon les travaux récents de la Dares sur les conditions de travail, les salariés de moins de 30 ans sont plus fréquemment affectés à des tâches physiquement contraignantes. Dans le BTP, cela se traduit par le port de charges lourdes, des gestes répétitifs, des postures pénibles ou encore le travail prolongé en station debout. Cette exposition est plus marquée que chez les salariés plus âgés, qui ont souvent évolué vers des fonctions moins physiques.

Les jeunes disposent également de marges de manœuvre plus réduites dans l’organisation de leur travail. Leur statut de nouvel entrant ou d’apprenti implique un cadre de travail fortement prescrit, avec une autonomie limitée dans le choix des méthodes ou des rythmes. Cette situation nécessite une vigilance particulière dans l’organisation du travail et l’encadrement.

Accidentologie des apprentis : des chiffres qui interpellent

Les données d’accidentologie montrent que les apprentis et les moins de 20 ans présentent un taux d’accidents du travail nettement supérieur à celui de l’ensemble des salariés. Dans le BTP, on dénombre près de 40 accidents du travail pour un million d’heures travaillées chez les moins de 20 ans, contre environ 20 pour l’ensemble des salariés.

Les conséquences peuvent être graves. En 2024, 22 jeunes de moins de 25 ans ont perdu la vie à la suite d’un accident du travail, tous secteurs confondus, dont une part significative dans le BTP. Ces accidents surviennent plus fréquemment lors des premiers mois d’activité, période au cours de laquelle les jeunes découvrent simultanément le métier, les outils et les risques professionnels.

Prévention et formation : un levier déterminant

La formation à la santé et à la sécurité au travail constitue un levier majeur de réduction des accidents. Les études montrent qu’un jeune formé à la prévention des risques professionnels au cours de sa scolarité ou de son apprentissage connaît, sur l’ensemble de sa vie professionnelle, environ deux fois moins d’accidents du travail qu’un jeune non formé.

Dans le BTP, la prévention doit être pleinement intégrée à l’apprentissage du métier : acquisition des gestes sûrs, identification des situations à risque, utilisation des équipements de protection collective et individuelle, compréhension des règles de sécurité sur chantier.

Installer une culture de prévention dès l’entrée dans le métier

Au-delà de la formation initiale, l’entreprise joue un rôle structurant dans la prévention. L’accueil des jeunes, la qualité du tutorat, la clarté des consignes et l’exemplarité de l’encadrement conditionnent l’appropriation durable des règles de sécurité.

Dans un secteur exposé comme le BTP, investir dans la prévention des jeunes travailleurs constitue un enjeu humain et professionnel majeur, au service de la santé des salariés et de la performance durable des entreprises.