Moins d’animal, plus de végétal : la tendance s’étend dans tous les domaines, textile compris, avec des alternatives au cuir toujours plus nombreuses. Raisin, ananas, pomme ou cactus, focus sur les promesses et les performances de ces faux cuirs végétaux.
Sommaire
Les matériaux biosourcés, nouvelles alternatives au cuir
Si l’industrie du cuir est souvent pointée du doigt pour son impact environnemental et pour l’exploitation animale, les similicuirs historiques ne font pas mieux du point de vue de l’écologie. Au contraire, PVC et polyuréthane sont des matières plastiques issues du pétrole, polluantes à fabriquer et mal recyclées. Pour y remédier sont arrivés les matériaux biosourcés, parfois appelés faux cuirs végétaux ou vegan.
Un matériau biosourcé est un matériau constitué au moins en partie de matières premières d’origine biologique. Celles-ci sont issues de la biomasse, autrement dit de matières organiques d’origine végétale, bactérienne, fongique ou animale (cellules ou déchets). En plus d’éviter le recours à l’élevage animal, ces faux cuirs végétaux sont en théorie moins polluants, mieux recyclés, et permettent de réduire le gaspillage en utilisant des sous-produits, comme les peaux de pomme ou les feuilles d’ananas.
À noter : la quantité de matière première biosourcée dans ces matériaux, aussi appelés éco-cuirs ou cuirs éco-responsables, en revanche, n’est pas encadrée. Un matériau annoncé comme biosourcé peut donc aussi bien contenir 2% que 80% de composants naturels.
Zoom sur les cuirs végétaux
Parmi ces nouvelles alternatives au cuir sans peau animale, certaines bénéficient déjà d’une certaine renommée, comme le Pinatex® imaginé par Carmen Hijosa et commercialisé par Ananas Anam. Exploité dans la mode, maroquinerie, chaussures ou même ameublement, ce faux cuir d’ananas est constitué de fibres issues de feuilles d’ananas et de latex naturel pour un total de 65% de matériaux biosourcés¹.
Autre incontournable, l’AppleSkin™️ de Frumat, un faux cuir de pomme intégrant 32% de peaux de pomme, 34% de coton bio et 34% de polyuréthane recyclé dans sa composition. On parle aussi de faux cuir de raisin pour le VEGEA, constitué de déchets de raisin, d’huiles végétales et de polyuréthane à l’eau, sans solvants, appliqué sur une base de coton bio. Biosourcé également, mais non vegan, le Recyc Leather™️ est un similicuir composé de cuir animal recyclé et de latex enduit de polyuréthane.
Le cuir de cactus, vous connaissez ?
À noter : cuir végétal et cuir vegan, vraiment ?
L’application du terme « cuir » à tout autre produit que le cuir animal est en réalité un abus de langage. En France et dans certains autres pays d’Europe, l’utilisation du terme « cuir vegan » ou « cuir végétal » à des fins commerciales est même un délit. Il s’agit en réalité de faux cuir, de similicuir ou d’alternative au cuir.
Le "cuir végétal" est-ce une appellation correcte ?
La réalité environnementale du cuir végétal
Si ces nouveaux matériaux se multiplient, le faux cuir vegan et sa composition font parfois débat. D’une, pour ce fameux terme, abus de langage décrié par l’industrie du cuir. De deux, pour son impact environnemental, difficilement mesurable et pas toujours si innocent.
Sans encadrement, les matériaux biosourcés peuvent s’avérer trompeurs pour les consommateurs, comme l’ont souligné les tests du CTC, leader international en contrôle qualité et développement durable pour le cuir. La part de matériaux biosourcés varie par exemple de 16% pour le Desserto® à 65% pour le Pinatex® Performance. Nombre d’entre eux utilisent également des dérivés du pétrole pour l’enduction ou pour le textile servant de trame, et quand il s’agit de coton, il n’est pas toujours biologique… alors que sa culture traditionnelle nécessite énormément d’eau, recourt aux engrais, aux pesticides et aux insecticides. Quant aux taux de recyclabilité du matériau biosourcé, il est rarement précisé, sans même parler de celui du produit fini fabriqué.
En attendant des normes légales comme celles proposées par le CTC, il en revient donc aux fabricants de faire preuve de transparence, ou aux acheteurs de l’exiger. Tous ne le font pas, mais Piñatex® se targue tout de même d’éviter l’émission de 12 kg de CO2 pour chaque mètre linéaire, et l’entreprise Bellroy est certifiée B Corp, l’un des labels RSE les plus exigeants au monde.
Le bilan ? Si la naturalité des faux cuirs végétaux n’est pas une garantie et que toute allégation demande à être creusée, ces alternatives au cuir restent une solution pour celles et ceux qui voudraient éviter la peau animale. Et, sans doute, une piste de réponse aux exigences croissantes des consommateurs pour des solutions plus éthiques.
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