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Khatam Kari, l’art de la marqueterie perse
Crédits: CC BY-SA 4.0 - Telementor

Khatam Kari, l’art de la marqueterie perse

Alexandre Douet
par Alexandre Douet - Publié Il y a 2 ans
Khatam Kari, l’art de la marqueterie perse
Crédits: CC BY-SA 4.0 - Telementor

La marqueterie perse : Khatam Kari


« Khatam-kari » est une technique traditionnelle perse (actuel Iran et partie de l'Irak d'aujourd'hui) apparue durant l’ère Safavide, soit entre 1501 et 1722. Celle-ci aurait été influencée par les cultures turkmène, chinoise, ottomane et occidentale.


« Khatam » signifie « incrustation ». Le « Khatam-kari » pourrait donc se traduire par le « travail des incrustations ».


La caractéristique principale du « Khatam-kari » se définit par des motifs le plus souvent à forme d’étoile à six branches à l’intérieur d’un hexagone. Les incrustations peuvent se composer en bois de teck, d’ébène, d’oranger, de jujubier, de palmier et complétées par du laiton, de l’os de chameau, de l’or et de l’argent.


CC BY-SA 4.0 – Telementor


Ces motifs sont réalisés par l’assemblage de plusieurs baguettes préalablement usinées en triangle, en losange ou en carré. Une fois ces baguettes usinées, celles-ci sont préalablement encollées, puis à la manière d’un puzzle elles sont par la suite assemblées les unes aux autres afin de réaliser un motif.


L’ensemble de ces baguettes forme un bloc « capable », à la manière d’une unique pièce en bois massif. C’est en recoupant en bande ce bloc « capable » d’une épaisseur d’un millimètre que l’on obtient la marqueterie.


Les bandes de motifs sont par la suite renforcées avec un placage fin sur leur verso afin de les rigidifier et d’éviter qu’elles ne se brisent.


J’ai constaté à travers mes recherches sur le sujet que la mise en œuvre de cette marqueterie nécessite trois ateliers, artisans différents.


Le premier va débiter et usiner les pièces en bois, en os, afin de réaliser des baguettes. Celles-ci seront encollées à manière d’un puzzle puis assemblées les unes aux autres afin de réaliser un motif.


Le deuxième artisan va récupérer ces baguettes, les recouper afin de réaliser un bloc « capable ». Celui –ci est spécialisé dans l’assemblage du bloc capable, en effet cela nécessite des presses qu’il faut préalablement chauffer afin de pouvoir réchauffer la colle entre les baguettes et obtenir des joints de collage plus fin et résistant. Après le temps de collage, il va récupérer ces masses capables et les recouper dans leurs longueurs afin d’obtenir une marqueterie d’un millimètre. Celles-ci seront ensuite « armées » avec un placage en sous-face afin de les rigidifier.


Le troisième artisan est celui qui récupère ces éléments semi-finis et va les plaquer sur leurs supports. Il est celui qui à travers la multitude de motifs mis à sa disposition, va, selon son expérience ou selon les goûts du client venir sublimer l’objet à plaquer.


Ces supports seront rarement des meubles, car on peut supposer que la surface à couvrir est importante et donc le temps à passer également. La technique reste encore à ce jour artisanale. Cependant, on retrouve ces incrustations sur des coffrets, des instruments de musique, des petits objets de décoration d’intérieurs.


Mon sentiment est que ces trois étapes nécessitent des savoir- faire techniques et spécifiques artisanaux, ce pourquoi ils ont été décomposés entre différents acteurs spécialisés dans leurs domaines, mais également peut être pour rationaliser les coûts de production.


Cette vidéo présentée par deux passionnés permet de découvrir et mieux comprendre l’art du « Khatam-kari » :



D’une certaine manière, le « Khatam-kari » présente des similitudes avec la technique japonaise « Yosegi-Zaiku » vue dans un précédent article. Parmi ces similitudes, c’est l’assemblage de petites baguettes usinées, à la manière d’un puzzle afin de réaliser un motif, une frise, une mosaïque, un élément du décor de la marqueterie. Je note cependant que dans la technique japonaise les baguettes sont assemblées avec un bois dans le sens du fil. Il est donc possible de raboter un placage avec une épaisseur de deux dixièmes. Or avec la technique perse : les pièces sont assemblées et recoupées en bois de bout, d’une épaisseur d’un millimètre. Je pense qu’il serait difficile de faire moins épais sans prendre le risque d’endommager les motifs. Elle présente cependant l’avantage d’être plus robuste et résistante aux chocs.


Quoi qu’il en soit ces deux méthodes assez similaires dans leurs approches n’ont rien à voir avec la marqueterie Boule, ou la marqueterie par montage « élément par élément » que nous connaissons tous.


Dans les techniques japonaises et perses, on travaille un bois massif et on joue de son épaisseur pour créer une répétitivité des motifs, une pluralité qui n’enlève rien à la qualité et la finalité du travail.


Concernant la méthode Boule, ou la marqueterie par montage « élément par élément » il s’agit de travailler avec une feuille de placage et de composer une marqueterie selon le veinage, les nœuds, la ronce. L’approche est différente, les techniques, et le résultat le sont également.


Dans un cas comme dans l’autre, on s’accordera à dire cependant, que la marqueterie n’a pas de frontières.


Alexandre Douet
Rédigé par Alexandre Douet
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