L'authenticité

L’authenticité est un bien grand vaste sujet et l’objet de cet article n’est pas de revendiquer ou de défendre certains points de vue techniques du métier. 

L’authenticité est une substance matérielle et immatérielle c’est-à-dire qu’elle est utile et nécessaire pour l’humanité. En étant l’essence même de l’identification culturelle, elle garantit une référence et une valeur sur laquelle les civilisations peuvent s’inspirer pour créer. 

Tout d’abord, nous allons aborder la généralité de l’authenticité dans notre environnement sous l’aspect de la véracité. 

En second lieu, la prise de conscience que l’homme apporte à l’authenticité au travers de volontés politiques.

Pour terminer, nous allons étudier une mise en situation dans le cadre des travaux en monument historique. Un cas concret mettant en lumière, les conciliations entre le respect de l’origine et les normes conventionnelles.

Présentation générale de l’authenticité 

Précieuse, véritable, pure, sincère, mais quelle place, l’authenticité a dans la société ? 

La valeur s’acquiert avec le temps sur les objets. Le début de la disparation de certaines choses apporte un caractère de rareté.

Comment se caractérise l’authenticité ? 

L’authenticité, bien revu à la mode, occupe une place de plus en plus importante dans l’esprit des gens.

De nombreux philosophes ont écrit à ce sujet, chacun a sa version différente. L’authenticité est considérée comme une vertu depuis l’Antiquité. 

Elle concerne les sujets tels que : 

• Les arts : ouvrages de style conformes à sa date de production : contraire de copie. 

• L’archéologie : diagnostic de la valeur ainsi que l’âge d’un objet.

• Le droit : l’acte authentique notarial est rédigé par un représentant de la loi, comme le notaire. 

• L’alimentation : recherche de création de nouveaux modes de permaculture : retour au jardin ouvrier, potager, élevage de volaille et apiculture. Boycottage de l’agriculture pétrolifère, recherche des saveurs saines dans les fruits et légumes cultivés sans produits chimiques à base de pétrole.

Des chartes pour protéger l’authenticité 

Dès 1931 a eu lieu le premier congrès international des architectes et techniciens des monuments historiques, appelé charte d’Athènes dans le but de dialoguer à propos de la protection des édifices.

A Londres, le 16 novembre 1945 est créé l’UNESCO afin de surveiller et conserver le patrimoine matériel et immatériel à l’échelle internationale.

En 1964 à Venise, c’est une amélioration de la charte d’Athènes. Elle rend plus délicat l’approche de la conservation des édifices. Désormais, elle prend en considération le site urbain ou rural qui témoigne un passé particulier d’une civilisation.

Dans les années 1990, avec la création d’un paysage politique démocratique et néo libérale en Occident et après la fin d’un monde bipolaire de guerre froide : provoque la naissance de l’Europe des douze.

C’est dans ce début de mondialisation qui vise à rassembler les peuples que vient s’insérer la déclaration de Nara au Japon en 1994. 

En effet plusieurs représentants de nations ont décidé de se réunir afin d’échanger sur la préservation des ouvrages d’art, que ce début de mondialisation tendrait à globaliser.

La déclaration de Nara vient compléter la charte de Venise. Elle protège désormais les constructions traditionnelles en bois de l’Asie.

Le 28 septembre 2002, la déclaration de Barcelone ayant pour objectif de protéger le patrimoine maritime.

Perception de l’authenticité dans l’artisanat.

Quels éléments peuvent composer l’authenticité dans un ouvrage ? 

• dans la construction, il s’agit de la réalisation d’ouvrages durables dans le temps, traversant les siècles : qualité des matériaux et respect des techniques de fabrication.

• par ses proportions, ses formes créées à partir d’un système mathématique, appelé nombre d’or avec son coefficient de 1.618. Elle est aussi appelée divine proportion, puisqu’on le retrouve dans la constitution géométrique de chaque être vivant.    

Par exemple, chez l’homme ou la femme, la largeur de la bouche est 1.618 fois plus large que le nez. 

• Par exemple, le temple de Poséidon à Paestum en Italie.

• Une boiserie inspirée du nombre d’or : 

• Le nombre d’or dans la pyramide de Kéops. 

• Par un ouvrage qui dégage ou transpire une émotion positive traversant les générations humaines.

Parmi de nombreux ouvrages déjà réalisés, certains sont eux-mêmes composés de ce rapport géométrique et mathématique. C’est le cas de toutes les cathédrales en France ainsi que les êtres vivants du règne végétal et animal.

A Rochefort, en Charente-Maritime une réplique d’une frégate datant de 1778 a été reproduite entre 1997 et 2014.

Afin de mener à bien ce projet monumental 17 années ont été nécessaires pour faire ressusciter « l’Hermione ».

Cas concret dans le métier 

Pour le repérage, prenons l’exemple de la restauration d’un parquet assemblé à panneaux. 

Un ouvrage ancien renferme une technicité qui est celle utilisée par une génération qui nous précède. Il est indispensable que tous ceux qui veulent restaurer ces ouvrages doivent faire preuve de patience et de méthode. 

Les panneaux sont identiques, c’est pour cela qu’avec deux panneaux abimés, nous en refaisons un neuf. Cela nécessite d’avoir beaucoup plus de panneaux de parquet usagés que la quantité à réaliser.

Repérage :  

• faire un état des lieux. 
• identification pièce par pièce morceau par morceau. 
• établir par numérotation ou signe d’établissement.

Démontage :

• démontage méthodique avec soin 
• stockage 

Analyse des pièces :  

• analyser l’état de surface ainsi la qualité du bois : bois vermoulu ou bien désagrégé par les infiltrations d’eau.
• réparations de certaines pièces abîmées : recollage.

Remontage: 

• remonter un panneau un seul à la fois.
• toutefois, malgré une très bonne précision des assemblages, il se peut parfois d’utiliser le guillaume pour ajuster le tenon à la mortaise. 
• parfois, il faut retoucher les rainures au guillaume.

Finition : Des tests sur des échantillons de bois sont fortement conseillés afin de pouvoir comparer à l’original.

 

Les limites du possible dans la réhabilitation 

Exemple de fenêtres à reproduire dans le cadre dans un chantier en monument historique : 

Bien souvent, associer le respect de l’ouvrage, la résistance thermique et acoustique ne font pas bon ménage.

En effet, nous pouvons rencontrer des problèmes de largeur de feuillure causées par les normes afin d’y installer les doubles vitrages pouvant mesurer jusqu’à 38 mm d’épaisseur. 

Par conséquent, les largeurs des pièces peuvent augmenter et dénaturer l’apparence de l’ouvrage.

L’évolution du vitrage a entraîné l’évolution de la fenêtre.

Autrefois, les techniques de fabrication du verre étaient limitées. En effet les formats maximum disponibles étaient similaires à une feuille de papier standard. Par conséquent, il était nécessaire de fabriquer des petits bois permettant de remplir la surface à vitrer. 

Puis les petits bois ont été supprimés des fenêtres lorsque les connaissances dans la fabrication du verre ont été suffisantes pour pouvoir fabriquer de grande surface.

Par ailleurs c’est pour cela que le terme « croisée » s’utilise de moins en moins. En effet les croisillons formés par les petits bois n’ont plus de sens après leurs suppressions. 

Avantage des grands vitrages : meilleure étanchéité car il y a moins de joints qui laissent passer l’eau. L’acoustique est meilleure car il y a moins de joints qui laissent passer l’air. Le clair de vitrage est plus grand ainsi il y a plus de luminosité. 

Cependant, les petits bois apportent un signe distinctif d’ouvrage plus élaboré. Toutefois, ils engendrent une augmentation du temps de fabrication. En effet, ils nécessitent de faire plus d’assemblage pour la réalisation des petits bois et de poser plus de vitrages. 

Nous allons étudier le cas d’une croisée deux vantaux arc surbaissé et ses volets intérieurs. 

Cette croisée devra comporter une résistance acoustique 38 Dba. 

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En utilisant une échelle 1/10em qui est très adaptée pour définir l’esthétique. Nous pouvons nous apercevoir que les petits bois sont suffisamment larges avec une largeur de 42 mm. L’utilisation d’une largeur en 52 mm serait trop grossière.

Malgré le document technique unifié (DTU 36.5) qui préconise des feuillures de 20 mm : les petits bois seraient alors trop larges et disgracieux. En effet, la largeur augmenterait de 10 mm, ce qui aboutirait à réduire fortement le clair de vitrage avec une valeur totale de 52 mm. 

Bois de fil ou lamellé ?

Dans le cahier des charges, il est parfois prescrit du bois de chêne en fil. Cependant la majorité des fabricants français de fenêtre de style utilise du bois massif en lamellé.

Disposés au bon endroit, les joints de collage ne sont pas dérangeants pour l’esthétisme. Par exemple, avec une répartition des joints dans les feuillures, cela apporte plus de discrétion que dans les moulures.

L’avantage du bois lamellé collé c’est qu’il reste stable dans sa rétractabilité. Par conséquent, il n’y a pas de déformation et cela n’altère en rien l’étanchéité à l’eau et à l’air.

Parfois, pour s’ajuster à la réalité, il suffit de trouver des compromis techniques. Ainsi l’authenticité et les normes sont respectées sans pour autant produire une copie de mauvaise facture. 

Ce sont pour toutes ces raisons qu’il est nécessaire de dialoguer avec l’architecte afin d’expliquer les contraintes des normes : notamment dans le cas des travaux en monuments historiques.

Conclusion   

Les biens matériels et immatériels deviennent authentiques lorsque l’on s’aperçoit que celles-ci deviennent rares.

Souvent, l’authenticité apparaît avec la disparition de quelque chose qui nous séduit. 

Sous l’effet de cette émotion, une volonté de conservation naît afin de transmettre ce patrimoine éducatif à nos enfants. Certains hommes de métier racontent qu’un ouvrage réussit doit dégager une belle émotion à celui qui la contemple. 

La grande organisation de l’Unesco veille actuellement aux biens matériels et immatériels à conserver. N’oublions pas les citoyens peuvent prendre des initiatives de leur propre chef afin de préserver leur patrimoine communal. C’est bien de retrouver à travers ces mêmes personnes, une conscience éthique afin de s’investir dans des travaux de rénovation ou bien de conservation d’identité culturelle. 

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