Concernant la conférence
Cette conférence était animée par Marcelo Nishiyama, directeur adjoint du Takenaka Carpentry Tools Museum à Kobe et commissaire de l’exposition. La thématique portait sur l'esprit des charpentiers est dans les détails. Les explications données permettent de mieux comprendre l'exposition ainsi que l’histoire et la culture de l’architecture en bois, étroitement liées à l’environnement et à l’esthétique japonais..
L'importance des éléments
M. Nishiyama nous a expliqué l'importance des éléments tels que la terre, l'eau, le vent, le feu dans la culture japonaise ainsi que les myriades de croyances liées à la nature.
Ce dernier nous a précisé que les bûcherons, les charpentiers sont en symbiose avec la nature. Ils demandent la permission aux dieux de la montagne avant d'abattre un arbre pour l'utiliser.
Selon les charpentiers japonais :
"Les arbres comme les personnes ont des caractères différents
et il est indispensable de connaître leur environnement
dans lequel ils s'épanouissent.
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Il ne s'agit pas de trouver du bon bois, il s'agit de trouver du bon bois au bon endroit."
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" Les arbres sont des ressources renouvelables. Toutefois, leur renouvellement n'est possible que si leur période de croissance correspond aux années d'utilisation des bâtiments. Si on utilise des arbres millénaires, on doit être prêt à prendre la responsabilité de construire des bâtiments qui dureront plus de mille ans."
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"Identifie les caractéristiques des arbres, penchés tantôt à droite, tantôt à gauche. Tu dois les assembler de manière à ce que leurs forces s'équilibrent."
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Les toitures courbées telles des envols d'oiseaux
Les toitures des édifices en bois ont la particularité en Asie d'être courbée. Au Japon, les toitures ont quelque chose de différent. Le fait que ces constructions paraissent plus fines est due à l'ingéniosité et au sens esthétique des charpentiers qui émanerait de la terre. Lorsque vous regardez une toiture de face, vous avez l'impression de voir un oiseau qui prend son envol.
L'affûtage des outils
L'art de la charpente fut possible grâce aux outils avec des lames particulièrement affûtées. Pour travailler le cyprès du Japon, les outils sont particulièrement tranchants . En effet, les conifères contiennent beaucoup de résine.
" Un outil tranchant permet de réaliser un travail sincère."
Les propriétés du cyprès du Japon
Le cyprès du Japon a d'ailleurs du mal à absorber les peintures. Au moment de la construction des édifices, certains temples étaient très colorés. En Chine et en Corée, les peintures abîmées par les intempéries sont repeintes mais pas au Japon. Le bois revient à son état naturel, brut. Les bois continuent à vivre après avoir été abattus.
La résistance du cyprès du Japon suit une courbe ascendante même après l'abattage et atteint son point culminant en 250 ans. Ensuite la courbe commence à décliner. Les bois utilisés pour la construction ont plus de 1300 ans et présente aujourd'hui la même résistance que lorsqu'ils ont été abattus.
L'essence de bois continue à respirer même lorsqu'elle est devenue pilier. Si on arrête cette respiration en le peignant, la résistance mécanique s'en trouverait altérée. La pièce de bois ne durerait pas si longtemps.
Si le cyprès du Japon rejette la peinture, cela signifie que les charpentiers ont entendu le message de l'arbre : " Ne me peignez pas".
La résistance à l'eau
Si le bois du cyprès du Japon est tranchée avec une lame affûtée, la résine repousse l'eau. Le fait de travailler le bois avec le rabot jusqu'à ce qu'elle brille n'est pas uniquement dans un but esthétique mais c'est pour augmenter la résistance du bois.
L'intervenant explique ensuite que l'on voit une différence nette entre le bois travaillé au rabot électrique et le bois travaillé au rabot manuel. Lorsque le bois est exposé à la pluie, celui travaillé au rabot électrique moisit au bout d'une semaine alors que celui raboté à la main ne moisit pas parce qu'il a repoussé l'eau.
Les assemblages
Le vocabulaire des assemblages est très varié dans la langue japonaise. Pour simplifier, il convient de distinguer :
- ceux pour former l'ossature d'u bâtiment
- ceux permettant de créer un seul matériau à travailler.
Concernant l'exposition
Le savoir-faire japonais dans l'architecture traditionnelle en bois était très bien mis en valeur :
- les charpentiers spécialisés dans la construction des temples et des sanctuaires,
- les bâtiments de style sukiya qui privilégient la fragilité et les matériaux naturels,
- la technique d'assemblage de pièces en bois sans clous ni vis.
D'autres étapes du travail des charpentiers et d'autres techniques telles que celle du kigumi et du kumiko sont montrées.
Romain Recopé