Bonjour toutes et tous,
J'ai le plaisir de vous partager ma courte synthèse de l'intervention d'Albane Gaspard, coordinatrice du secteur Prospective à l’ADEME, lors du colloque "La pierre : un choix sociétal" du 10 juin 2024 au Pavillon de l'Arsenal.
Bonne lecture !
Albane Gaspard est coordinatrice du secteur Prospective du bâtiment et de l’immobilier à l’ADEME (Agence de la transition écologique). Depuis près de 10 ans, à l’interface entre la recherche scientifique et l’action environnementale, Albane Gaspard se penche, en tant que sociologue, sur les questions de concertation, puis sur le changement de comportement et des pratiques sociales. Elle étudie aujourd’hui les trajectoires bas carbones du bâtiment à 2050. Ce travail prospectif, mené avec Jean-Christophe Visier, nourrit le rapport Transition(s) 2050 de l’ADEME dont une version actualisée a été publiée en mars 2024. |
Les enjeux du bâtiment à l'horizon 2050 : Vers une neutralité carbone et Zéro Artificialisation Nette
À l'approche de 2050, le secteur du bâtiment en France fait face à des défis cruciaux pour atteindre la neutralité carbone et la zéro artificialisation nette des sols (ZAN). L'Agence de la transition écologique (ADEME) a mené une étude prospective, "Transitions 2050", explorant divers scénarios pour concilier l'activité humaine avec les objectifs environnementaux posés par les accords de Paris sur le climat en 2021, dont le principal à long terme en matière de température est de maintenir l'augmentation de la température moyenne de la planète bien en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels.
« Le bâtiment représente 45 % des émissions de gaz à effet de serre et 43 % de la consommation d’énergie primaire en France ».
Le principal enjeu est la neutralité carbone, qui implique de ne pas émettre plus de CO2 que ce que l’on peut absorber via les forêts, les sols, et les technologies de captation de CO2. Actuellement, la France est loin de cet objectif. De plus, le pays vise zéro artificialisation nette (loi Climat et Résilience de 2021), signifiant que toute surface artificialisée doit être compensée par une renaturation équivalente d'ici 2050.
L'ADEME propose quatre scénarios contrastés pour explorer les trajectoires possibles afin d’atteindre la neutralité carbone du bâtiment.
Le scénario « génération frugale » prône une sobriété maximale, une approche « low-tech » et une rénovation massive des bâtiments existants, tandis que le « pari réparateur » mise sur des technologies encore immatures pour compenser les impacts. Entre ces deux opposés, les scénarios intermédiaires cherchent un équilibre entre sobriété et innovation technologique.
« Le message clé est qu’une rénovation se fait dans le bon sens pour atteindre une performance maximale à terme. Qui dit faire les choses dans le bon sens, dit programmer et être accompagné par des gens dont c’est le métier, notamment la maîtrise d’œuvre. »
La rénovation performante du parc existant apparaît comme l'élément central pour réduire les émissions de gaz à effet de serre des bâtiments, représentant une augmentation significative des besoins en emploi dans ce secteur. L'isolation des bâtiments, la décarbonation des systèmes de chauffage, l'adaptation aux vagues de chaleur (habitabilité d’été) et l’utilisation mixte et raisonnée des matériaux bio-géosourcés sont des priorités.
Albane Gaspard nous démontre les limites environnementales d’un modèle axé sur l’exploitation massive d’une seule ressource même renouvelable comme le bois.
Les métiers de la rénovation énergétique, notamment ceux liés à l’isolation, sont appelés à croître significativement, avec un doublement des besoins en emplois d’ici 2030. L’ADEME insiste aussi sur l’importance de programmer les rénovations de manière réfléchie pour éviter les erreurs pouvant causer des pathologies au bâti et l’obsolescence technique.
En effet, l’augmentation des précipitations puis des vagues de sécheresse ( phénomène en cours) va accroitre de façon exponentielle les pathologies structurelles liées au retrait et gonflement des sols argileux.
Evolution du niveau d’exposition au risque de vague de chaleur et îlots de chaleur urbains
©ADEME ; Source : OID, EcoTRACC
Enfin, pour répondre à la demande de logements sans augmenter l'artificialisation, mieux utiliser les bâtiments existants, dont une grande partie est sous-occupée ou vacante, est crucial.
« La rénovation est le sujet du XXIe siècle ! »
En conclusion, si nous souhaitons vraiment maintenir le réchauffement en cours de la planète en-dessous de la barre des 2 °C, la transition du secteur du bâtiment vers la neutralité carbone requiert une accélération immédiate des efforts de rénovation du parc existant et une approche intégrée des actions associant atténuation des émissions par plus de frugalité et adaptation des ouvrages à ce changement climatique irrémédiable.
Retrouvez l’intégralité de l’intervention filmée ici:
Le rapport complet des travaux de prospectives sur le secteur Bâtiment de sur le site de la librairie de l’ADEME :
Prospective - Transitions 2050 - Rapport - La librairie ADEME
Commentaires
Pour laisser un commentaire, veuillez vous connecter ou vous inscrire.
S’inscrireSe connecter