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Poussière de cuir, solvants, colles : dangers et solutions
Crédits: ©Fxquadro - Freepik

Poussière de cuir, solvants, colles : dangers et solutions

Amandine Moggi
par Amandine Moggi - Modifié Il y a 9 mois
Poussière de cuir, solvants, colles : dangers et solutions
Crédits: ©Fxquadro - Freepik

Du traitement du cuir jusqu’à sa transformation, les travailleurs de la filière sont exposés à des risques spécifiques. Comment protéger cordonniers, tanneurs, maroquiniers et autres professionnels en contact avec la poussière de cuir ou les produits chimiques ? Le point sur les risques et les solutions à disposition.


Traitement du cuir : quels risques, pour qui ?

Au-delà des risques physiques liés à l’utilisation d’outils ou de machines, les travailleurs de la filière du cuir sont exposés à des risques chimiques potentiellement dangereux.


Pour obtenir un matériau imputrescible (qui ne pourrit pas), souple et résistant à l'eau, les peaux subissent différentes opérations de tannage, en tannerie pour les grands animaux, en mégisseries pour les petits. Les solutions utilisées pour préparer, teindre, finir ou traiter le cuir sont majoritairement chimiques, recourant parfois à des produits plus ou moins toxiques pour l’homme. Il peut s’agir d’acides, de bactéricides ou de fongicides, de sulfate de chrome, de colorants, de teintures, de résines… Le niveau de risque dépend du produit et de l’exposition, avec de potentiels symptômes allant des irritations cutanées en cas de contact avec la peau, jusqu’à un risque de cancer en cas d’inhalation prolongée et répétée.


La poussière de cuir, générée notamment par les opérations de grattage, de ponçage ou de polissage, est classée cancérogène pour l’homme par le CIRC, le Centre international de recherche sur le cancer.


Considérée comme aussi néfaste que la poussière de bois, elle est associée à la survenue de cancers des fosses nasales et des sinus. Sa finesse (moins de 100 microns) lui permet également de franchir la cavité nasale, atteignant la trachée et les poumons. Elle peut alors provoquer des réactions allergiques, de l’asthme ou des rhinites. Les activités de fabrication et réparation de chaussures, vêtements et objets en cuir seraient plus exposées. À l’inverse, les ouvriers des tanneries et mégisseries le seraient moins, l’humidité ambiante aidant à limiter la volatilité de la poussière de cuir.


Cordonniers, selliers, bottiers, maroquiniers, tapissiers et tous les ouvriers du cuir peuvent également être exposés à d’autres produits chimiques utilisés lors des opérations de fabrication et de réparation ; voir ici. Les colles, décapants et solvants, en particulier, émettent des composés organiques volatils, ou COV. S’ils sont inhalés, ils peuvent atteindre les poumons et passer dans le sang. En cas d’exposition répétée et prolongée, ils pourraient entraîner des troubles respiratoires, digestifs, voire cardiaques ou nerveux.


Quelles solutions pour les travailleurs du cuir ?

Concernant la poussière de cuir, la réglementation répond aux modalités de surveillance des travailleurs exposés à des agents chimiques cancérogènes dans le Code du Travail ((décret n°2001-97 du 1er février 2001, décret n°2003-1254 du 23 décembre 2003 et n° 2004-725 du 22 juillet 2004 et Article R. 4412-40).


L’Organisation internationale du travail (OIT) a également publié un recueil complet de recommandations visant à prévenir et réduire les risques, notamment chimiques, dans les industries du textile, de l'habillement, du cuir et de la chaussure.

1 / L’évaluation du risque

Selon l’OIT, le premier réflexe pour protéger les travailleurs du cuir devrait être un état des lieux des risques. Autrement dit, le recensement des produits utilisés et l’évaluation des risques sanitaires, ainsi que l’identification des étapes ou postes de travail émetteurs de poussière de bois ou de COV.

2 / La suppression ou la réduction du risque

Seconde étape, l’action : supprimer ou remplacer les produits à risque qui peuvent l’être par des alternatives moins nocives, et mettre en place des installations efficaces. Par exemple, des systèmes de captation des vapeurs ou poussières au plus près des postes de travail, ainsi qu’une ventilation performante.

3 / L’information

Toutes ces informations devraient être communiquées aux employés, des risques jusqu’aux moyens de prévention. Des fiches accompagnant les produits chimiques ou les équipements, ainsi que des formations régulières, peuvent aider à mettre en place et à maintenir de bonnes pratiques. Quelques conseils simples recommandés par les professionnels de santé méritent également d’être transmis pour limiter les risques liés à la poussière de cuir : aérer les locaux dès que possible, et se laver le nez à l’aide d’eau de mer ou de sérum physiologique après une journée de travail.

4 / Les EPI

Les équipements de protection individuelle ne peuvent pas remplacer les étapes précédentes, mais restent indispensables pour protéger les travailleurs de la filière du cuir. Les entreprises utilisatrices d’EPI sont d’ailleurs tenues de respecter certaines règles sur la mise à disposition, la formation, l’information ou l’entretien de ces équipements (Directive Européenne 89/656 et l'Article R233.1 du Code du Travail Français).

  • le masque filtrant FFP3 est essentiel pour éviter d’inhaler la poussière de cuir. Il ne peut en revanche pas se substituer à une bonne ventilation.
  • les gants et vêtements de protection dépendent du produit utilisé et de la tâche effectuée. En Europe, les substances ou mélanges dangereux disposent d’une fiche de données de sécurité (FDS) établie par le fournisseur. Elle permet de déterminer le type d’EPI à privilégier, en particulier pour la classe des gants déterminant la résistance à la pénétration des produits. Dans tous les cas, des gants à manchette longs réduisent les risques de contact cutané.
  • les lunettes de sécurité protègent d’éventuelles projections. Là encore, le choix dépend de la tâche et du produit. On en trouve aujourd’hui une large variété, avec des verres indéformables, résistants aux chocs et aux rayures, antibuée ou filtrant la lumière bleue.

L’exposition à la poussière de cuir et aux produits chimiques est un risque qui concerne tous les travailleurs de cuir en cas d’exposition prolongée et répétée. Si les solutions disponibles sont relativement généralistes, elles restent la meilleure protection possible pour la filière professionnelle.






Sources d’inspirations

Conseil national du cuir :
Amandine Moggi
Rédigé par Amandine Moggi
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Cordonnier-bottier
En veille sur les matériaux, les savoir-faire et les techniques.

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