ico-menu.svg
ico-search-org.svg ico-close.svg ico-user.svg
ico-button-back.svg
Le Compagnon maçon en 2030
Crédits: Couverture étude Compagnon maçon 2030

Le Compagnon maçon en 2030

Clément Lelièvre
par Clément Lelièvre - Modifié Il y a 2 ans
Le Compagnon maçon en 2030
Crédits: Couverture étude Compagnon maçon 2030

Introduction


Le monde de la construction évolue et le métier de maçon ou plutôt les métiers de la maçonnerie ne sont pas en reste. L’on pense aux transitions en cours qui concernent le numérique et l’environnement, mais c’est tout un macrocosme qui change et qui influe sur les métiers.


Les Compagnons maçons ont pour ambition de proposer aux jeunes générations un métier d’avenir, à travers une formation et une pratique qui répondent aux enjeux de demain. Il est donc incontournable de prendre le temps de l’étude et de la réflexion sur le devenir du métier pour pouvoir se projeter et ainsi anticiper au mieux les changements à venir.


Cette synthèse présente les travaux prospectifs menés par un groupe de Compagnons maçons, auquel ont contribué des experts sur les domaines du numérique, de l’économie et de la formation. Il s’agit non pas de prédiction, mais plutôt d’élaboration de scénarios probables sur l’évolution du métier, à partir desquels un plan d’actions a été mis en place pour se préparer aux enjeux à venir. Le fruit de ces travaux reflète aussi la dimension collective et participative qui a régné lors des rencontres, autant dans le groupe de réflexion que lors des échanges avec les acteurs du secteur.



Cadre de l’étude


Les acteurs:

Les travaux ont été menés grâce à la participation de nombreuses personnes, parmi lesquelles nous distinguerons les Compagnons maçons, les intervenants et les partenaires de l’Institut des métiers de la maçonnerie (IMM).


  • Le groupe "Prospective"

Ce groupe est composé d’une dizaine de Compagnons maçons représentatifs de l’ensemble du corps de métier, dont la tranche d’âge va de 20 à 60 ans. Ils ont des fonctions de chef d’entreprise de différentes tailles, de salariés en maîtrise d’ouvrage, en maîtrise d’œuvre ou en encadrement de chantier et des jeunes en fin de Tour de France. Ils sont répartis sur l’ensemble du territoire national.


  • Les partenaires de l'IMM

Ces acteurs sont les organisations professionnelles, les syndicats représentant les fabricants de matériaux, des associations dédiées à la promotion d’activités professionnelles liées aux métiers de la maçonnerie, et des centres de formation.


  • Les intervenants

Les intervenants nous ont apporté leur expertise dans leur domaine de spécialité : perspective économique de la construction ; Formation, apprentissage et développement personnel, principalement à destination de la jeunesse ; Accompagnement au changement ; Numérique ;

Animation de travaux prospectifs.


  • Les Compagnons Maçons

Tout au long de l’étude, ce sont près de 200 jeunes itinérants sur le Tour de France et 300 Compagnons sédentaires qui ont été sollicités pour

apporter leur contribution.



La méthode

Les travaux se sont déroulés suivant deux grandes phases :

  • La première phase correspond à la constitution de l’état des lieux, à savoir la situation actuelle, les tendances observées et les innovations à venir ;
  • La seconde phase traite de la projection de l’environnement prospectif et de la scénarisation des futurs possibles à quinze ans.


L’état des lieux a été construit au travers de sondages réalisés selon plusieurs canaux de contribution : celui des Compagnons maçons, mais aussi par l’intervention d’experts lors de nos réunions.

Les travaux prospectifs se sont appuyés sur l’état des lieux en suivant une méthode de prospective éprouvée, la méthode « Morphol »1. Cette méthode se décompose en plusieurs étapes qui permettent, à partir de l’environnement actuel, de définir un scénario probable.


Voici ces étapes :

1 - L’environnement prospectif ;

2 - Les tendances et les hypothèses d’évolution ;

3 - Les scénarios envisageables ;

4 - Le choix du scénario probable ou central.


À partir du scénario retenu et de ses implications, il reste alors à monter un plan d’actions.



Les livrables

  • L’objectif est de définir ce que sera : « Être Compagnon maçon en 2030 dans l’environnement économique et sociétal ». Les réponses pourront prendre différentes formes, mais avec comme objectifs finaux l’information et la mise en place d’actions.


  • L’information est à destination d’un large public. Il s’agit de diffuser ces travaux et ces conclusions aux Compagnons maçons, jeunes et moins jeunes, mais aussi à l’ensemble des Compagnons de notre association, tout comme à l’ensemble de la filière de la maçonnerie.


  • Les actions seront tournées vers les transformations à apporter pour améliorer les pratiques des Compagnons maçons vis-à-vis des jeunes et de la pratique du métier. Les sujets seront divers : l’accueil et l’accompagnement des jeunes, la formation dans notre métier, le voyage, la culture générale et celle du métier, la vie dans les maisons de Compagnons…



Les scénarios


Un scénario pivot


Deux approches de la construction et de l’usage des bâtiments :

Dans une période de croissance faible, la coopération et l’innovation sont des moteurs qui poussent la réglementation et la transforment en opportunité, en s’appuyant notamment sur la prise de conscience forte des enjeux du développement durable et sur les nouveaux outils numériques. Un fossé existe entre les bâtiments high tech et les bâtiments low tech.


Deux types de marchés coexistent :

Celui des chantiers de proximité et celui des marchés d’ampleur nationale. Dans le premier cas, on trouve des entreprises qui maîtrisent savoir-faire traditionnels et innovations, qui peuvent s’organiser en coopérative. Dans le second cas, on trouve des entreprises capables de répondre à des marchés qui couvrent l’ensemble du territoire et qui interviennent rapidement, avec des prestations « types ». L’évolution du salariat tend à inciter le travail en tant qu’indépendant (microentreprise) qui, grâce à diverses applications, sera sollicité pour ses compétences.


L’innovation prend plusieurs chemins :

Le développement de nouveaux produits issus de la recherche et de la bio-inspiration, mais aussi le renouveau des techniques ancestrales à l‘image de la maçonnerie en terre crue. Au-delà des seuls matériaux, l’innovation passe aussi par les systèmes constructifs et s’oriente vers la mixité des matériaux. L’innovation dans la construction va continuer à se diversifier dans la limite des ressources et de leur cycle de vie pour revenir à des techniques plus traditionnelles pleines de bon sens, en cherchant à faire mieux avec moins.



Quatre scénarios alternatifs


La scission des activités:

Les acteurs s’organisent en s’appuyant sur les outils numériques et collaboratifs. La logique du développement durable reste une belle idée, mais n’est pas la première priorité, les acteurs économiques doivent d’abord survivre. L’activité du bâtiment se scinde en deux types de marchés avec, d’une part, les chantiers publics et de grande taille ou d’ampleur nationale et, d’autre part, les chantiers de petite taille et de proximité ou de réalisation collaborative.


Une nouvelle vision humaine:

La prise en compte des enjeux planétaires à tous les niveaux de la société génère un mouvement volontaire et massif de construire, de travailler et de vivre différemment. Les salariés recherchent du sens dans leur travail et se retrouvent mieux dans des organisations collaboratives et progressistes. De nouveaux modes de management apparaissent ainsi, avec un partage accru des compétences.


Une industrialisation du bâtiment durable:

La situation économique ne laisse pas espérer d’opportunités de développement telles qu’elles ont pu être vécues au début de ce XXIe siècle. Les prix fixés au minimum entraînent une augmentation de l’ensemble des réglementations pour contrer les malfaçons des entreprises peu compétentes. La préfabrication prend de l’ampleur en s’appuyant sur les nouveaux outils numériques et robotiques qui augmentent la productivité et garantit la qualité des ouvrages.


Un modèle frugal:

Dans un contexte de réduction des consommations, d’optimisation des travaux et d’approche collaborative de la construction, les usagers arrivent à atteindre un niveau de confort de vie en adéquation avec la démarche environnementale à respecter pour préserver la planète. L’économie de la construction se transforme avec une potentielle décroissance par rapport au modèle actuel. On cherche à faire mieux avec moins pour préserver les ressources naturelles et les matières premières.



Les implications et le plan d’actions


Les implications pour les compagnons maçons


  • Informer:

Les observations du futur possible doivent être partagées. En ce sens, il paraît nécessaire de transmettre l’information pour permettre une compréhension des évolutions à venir et de leurs implications. Des publications, des colloques, des tables rondes et des réunions de travail sur ces sujets sont à préparer. Chacun doit pouvoir, à son niveau, identifier comment ces activités pourraient changer dans les années à venir.


  • Pérenniser le métier:

Il est important d’informer, mais aussi de promouvoir le métier pour expliquer à la nouvelle génération quelles sont les perspectives d’avenir et apporter une image attractive. Sans relève, la pérennité du métier et des Compagnons maçons sera remise en question. Pour intéresser les jeunes, il sera impératif de leur proposer un parcours, sur le Tour de France, qui comblera leurs aspirations professionnelles, mais aussi leurs attentes en termes de voyage et d’échange ainsi que de partage au sein des maisons.


  • Poursuivre les travaux prospectifs:

Pour rester dans une dynamique de prospective, il conviendra d’animer des travaux de veille permettant de familiariser les Compagnons maçons avec le devenir de leur métier et, ainsi, préparer le terrain pour une nouvelle étude prospective. Ces études devront être conduites périodiquement afin de corriger les orientations et faire émerger de nouvelles pistes de travail.



Le plan d’actions

Cinq actions ont été définies pour anticiper les changements à venir - identifiés dans le scénario central - et permettre aux Compagnons d’aujourd‘hui de mieux accompagner la nouvelle génération pour devenir Compagnon maçon en 2030.


  • Communiquer sur les travaux du groupe « prospective » :

Communiquer sur les travaux du groupe pour faire prendre conscience de la nécessité de mener une réflexion sur les évolutions à venir et conduire le plus grand nombre à y participer et à faire des propositions pour appréhender les changements.


  • Créer un groupe « jeunes » :

Créer un groupe « Jeunes » pour mener une réflexion avec un regard nouveau, sans la préoccupation de l’histoire, où les participants pourront décrire leur vision idéale du Tour de France et proposer des pistes à suivre.


  • Promouvoir l’image du métier :

Promouvoir l’image du métier en utilisant la vision de ce que sera le métier demain et pouvoir proposer au jeune en début de parcours des perspectives de ce qu’il pourra faire en fin de parcours.


  • Actualiser le parcours de formation :

Améliorer la formation pour atteindre l’objectif de préparer au mieux les maçons à la pratique de leur métier, en conjuguant bases du métier, innovation et évolution de la construction.


  • Animer les travaux du devenir du métier :

Animer le Devenir du métier et organiser un travail de veille et de réflexion continuent sur les tendances d’évolution, afin de préparer des ressources pour le prochain groupe « Prospective ».



Autres pistes d’actions


Implications pour les compagnons du devoir


  • Le devenir des métiers

Cette cellule devra permettre d’accompagner l’ensemble des métiers dans leurs propres réflexions pour le devenir de leur métier.

Des travaux communs devront nourrir les études individuelles et inversement. L’étude de l’évolution des métiers doit aussi

Se mener en parallèle d’une étude de l’évolution de la formation.


  • La place des membres

Chaque membre, qu’il soit bénévole, apprenant ou permanent, verra son implication changer. Les bénévoles devront modifier leur pratique, sans en perdre le sens, lors de leurs interventions auprès des jeunes. Les salariés verront aussi leur poste évoluer. Les plus touchés seront probablement les permanents qui travaillent au contact des jeunes pour leur accueil et leur formation.


  • La promotion des métiers

Fort des évolutions identifiées dans les métiers et la formation, il sera nécessaire de continuer de manière appuyée les actions de promotion pour les métiers encore trop souvent dévalorisés. Ces actions seront à mener sur le plan général de l’AOCDTF, mais aussi par un accompagnement plus ciblé des métiers en tension.


  • L’accueil des jeunes

Les jeunes vont voyager de manière plus marquée à l’international. Les maisons en France devront être adaptées aux attentes de la nouvelle génération en alliant lieux d’accueil et de rencontre, mais aussi de formation. À l’international, la notion de maison ne sera pas impérative, mais la possibilité de continuer à se former sera incontournable pour valoriser au maximum ces étapes hors frontières.


  • La formation

Une remise en question constante de la forme et du fond de la formation devra être menée. Elle devra tenir compte des évolutions observées dans les métiers, mais aussi en matière de formation et de pédagogie. La formation devra se conformer aux contraintes réglementaires, aux attentes des entreprises et de celles des jeunes qui viennent chercher une formation.



Implications pour la filière


  • Les prestations à proposer par les entreprises

Le rôle de conseil avec une proposition de solutions adaptées et rapidement mises en œuvre sera à proposer. Il s’agira d’intégrer les dernières avancées technologiques et numériques ainsi que les contraintes de disponibilité des matériaux, dans le cadre d’une approche collaborative avec les autres intervenants. Le courtage de travaux deviendra un format de passation de commande courant.


  • Les actions à mener par la filière

La filière évoluera. Les matériaux devront tous être traçables, les outils numériques auront investi les chantiers et la transversalité des métiers s’imposera comme une nécessité pour la réussite des projets. Un accompagnement de l’ensemble des acteurs de la construction sera donc à mettre en œuvre. Former deviendra un point clé de la réussite des chantiers qui intègreront nécessairement la construction durable.


  • Autres implications pour les compagnons maçons

Les compagnons maçons, en s’appuyant sur les travaux du groupe « prospective » et sur les actions qui en découlent, peuvent rayonner autour de trois axes spécifiques : accompagner le changement et se mettre en action au sein du corps de métier, être force de proposition au sein de l’association ouvrière des compagnons du devoir et du tour de France et être également force de proposition dans la filière.



Le Compagnon maçon en 2030

C’est une femme ou un homme pour qui le métier a un sens ; ce sens qui est également clairement perçu par ses interlocuteurs (clients, partenaires) lui permet de prendre sa place dans la société. C’est un maçon, un bâtisseur d’espace de vie. Il apporte sécurité, confort et harmonie dans les ouvrages qu’il réalise dans l’esprit d’une construction durable.


Il possède les compétences de base du métier et maîtrise un savoir-faire traditionnel sur lequel s’appuyer pour intégrer les innovations du métier. Il a une maîtrise des règles liées au développement durable. Il maîtrise également les outils numériques issus de la digitalisation de la construction. Il manipule les objets connectés comme n’importe quel outil du maçon.


Il a voyagé en France et à l’international pour se construire humainement et professionnellement. Il a suivi une formation avec un format adapté au rythme de vie de son itinérance, qui s’appuie non seulement sur la transmission traditionnelle des savoirs et des expériences de la part des Compagnons, mais aussi sur les outils pédagogiques performants pour l’apprentissage et pour l’acquisition des savoirs.


Il a des aptitudes physiques liées à un métier au grand air et analyse les situations pour garantir la sécurité et le confort de travail des ouvriers. Il est en capacité d’encadrer des équipes, de préparer et d’organiser le travail. Il œuvre naturellement en collaboration avec l’ensemble des intervenants du chantier afin d’optimiser les coûts et la qualité des ouvrages réalisés.


L'étude complète est disponible à la Librairie du Compagnonnage

Clément Lelièvre
ico-souples-org.png
Maçon
Compagnon maçon. Je suis naturellement intéressé par l'innovation dans mon métier.

ico-comment.png Commentaires

Pour laisser un commentaire, veuillez vous connecter ou vous inscrire.

S’inscrireSe connecter