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L'upcycling dans la mode, au-delà du recyclage
Crédits: ©Teona Swift - Pexels

L'upcycling dans la mode, au-delà du recyclage

Alice Chevallier
par Alice Chevallier - Modifié Il y a 11 mois
L'upcycling dans la mode, au-delà du recyclage
Crédits: ©Teona Swift - Pexels

Présent en haute-couture comme en prêt-à-porter, l’upcycling dans la mode se présente comme un contrepied à la fast fashion et devient tendance au point que celle-ci tente de s’en approprier les codes stylistiques.


Une ironie qui impose au consommateur une bonne dose de vigilance pour éviter le greenwashing et repérer les marques en respectant les vraies valeurs : au-delà du recyclage, le procédé de réemploi et de transformation de l’upcycling vise à combiner éco-responsabilité et artisanat pour une mode plus durable.


Lumière sur une filière en plein boom.


1) Les tendances de l’upcycling

L’upcycling, ou en français le ”surcyclage”, consiste à offrir une seconde vie à des déchets textiles non pas seulement en les réutilisant, mais en leur ajoutant de la valeur. Ce recyclage “par le haut” permet ainsi de créer un nouveau cycle de vie pour le produit. Le procédé, nommé par Reiner Pilz en 1990 pour le différencier du recyclage, est plus que jamais d’actualité et s’applique désormais à tous les secteurs du textile : l’upcycling dans la mode est une tendance forte en haute couture comme en prêt-à-porter, pour le jean comme pour le cuir, chez les jeunes créateurs comme les grandes maisons de luxe. Ce, qu’il s’agisse de revaloriser des vêtements, des accessoires ou même des stocks dormants de tissus. L’enjeu ? Inventer une mode plus éco-responsable, en réutilisant plutôt qu’en produisant de nouveau, par opposition au modèle de la fast fashion.


Et cette philosophie entraîne un véritable renversement dans le processus de conception : plutôt que de partir d’un croquis pour construire leur produit, créateurs et designers partent d’une matière première existante. La recherche de matière précède donc le design, et non l’inverse. Il peut s’agir de tissu à plat dans le cas des stocks dormants, pour lesquels les designers doivent composer avec le matériau existant et le métrage disponible ; ou de vêtements de récupération, déconstruits, reconstruits et embellis, en partant de la forme préexistante, les variations de teintes ou de matériaux. L’upcycling de jeans peut ainsi nécessiter l’assemblage de cinq jeans différents pour recréer une veste, imposant la prise en compte des caractéristiques de chacun en amont. Des contraintes qui compliquent l’exercice, mais produisent des pièces uniques et selon de nombreux designers, boostent la créativité.


2) L’upcycling de luxe des grandes marques


En 2014, Maison Martin Margiela a créé la surprise avec sa collection « Artisanal », créée à partir de tissus vintages de luxe. Marine Serre, figure de proue de l’upcycling haute couture, a d’ailleurs effectué un stage dans la célèbre maison avant de lancer sa marque et de défiler à la fashion week parisienne avec ses propres créations upcyclées. Pour son dernier défilé haute couture en 2020, Jean-Paul Gaultier a lui aussi mis le surcyclage à l’honneur avec le mot d’ordre « Adieu le flambant neuf, bonjour le flambant vieux ». 


Une tendance de fond qui fait désormais partie intégrante de la mode haut-de-gamme : en 2021, des pièces upcyclées ont fait leur apparition sur les podiums Balenciaga et Marni, tandis que Miu-Miu lançait une collection capsule de dizaines de robes surcyclées. Chez Gabriela Hearst, l’upcycling des stocks invendus existe depuis 2017, et Jonathan Anderson en a fait une habitude. Le créateur applique le concept chez Loewe, dont il occupe la direction artistique, comme au sein de son propre label JW Anderson, avec une capsule revalorisant les chutes textiles des collections précédentes.


Les grandes maisons encouragent également l’upcycling dans la haute couture en déstockant leurs chutes et tissus inutilisés, rachetés par de jeunes créateurs engagés comme Rework Paris, The RealReal et MaisonCléo, ou Reco Paris, Nodie’s et Larmorie pour l’upcycling du cuir : chaussures, sacs et autres accessoires de mode en cuir.




3) L’upcycling en vogue chez les jeunes pousses

Les petits créateurs sont encore plus nombreux à s’engager dans le secteur de la mode éthique, avec un prêt-à-porter plus ou moins haut de gamme, mais toujours composé de pièces uniques ou séries limitées, matière première oblige. En France, RESAP Paris mène le combat de l’upcycling de jeans avec des pièces 100% recyclées, faites à la main à Paris. La marque dispose même d’un corner aux Galeries Lafayette. À Bordeaux, Marlène Rougier offre une nouvelle vie à des vêtements de seconde main via un système de « drops », proposant de nouvelles pièces uniques chaque semaine.


Chez Ambitieuse Upcycling, la mode se veut inscrite dans une économie circulaire et éthique avec une production faite main entre Strasbourg et un atelier de réinsertion à Lyon, combinant pièces upcyclées à partir de vêtements de seconde main et pièces coutures à partir de stocks de tissus dormants. Même principe pour Trop Trop Bien, qui associe upcycling et réemploi à Lille pour une mode enfantine éco-responsable. En plus de ses pièces upcyclées, Revive Clothing Lab propose un accompagnement aux entreprises pour revaloriser leurs invendus.


Plusieurs associations en France s’appuient également sur l’upcycling du cuir et du textile pour proposer une mode éco-responsable, comme ALTER vêtements, qui collecte et revalorise les déchets textiles à Lille. Et la tendance est tout aussi incontournable dans les autres pays du monde, de l’Europe jusqu’à New-York.


4) Des initiatives qui sortent du lot

Entre maisons de couture et start-up innovantes, le marché de l’upcycling compte également des initiatives comme celles de Tilli. Ce service de couturier à domicile connectant particuliers et artisans sur tout le territoire propose notamment l’upcycling de vêtements. Puisque la demande s’étend bien au-delà des collections des marques : l’upcycling est également l’une des recherches les plus en vogue sur les réseaux sociaux, avec des tutoriels en tous genres pour surcycler des vêtements de seconde main en quelques coups de ciseaux.


Ajoutons que l’upcycling peut aussi produire autre chose que des vêtements, comme les objets design issus de déchets textiles de FabBRICK ou produire des objets textiles à partir de matières premières upcyclées qui ne sont pas des vêtements, comme les accessoires et le linge de maison issus de bâches, gilets de sauvetage, drapeaux ou airbags de la marque bilum. Gaëlle Constantini, elle, crée ses collections à partir de linge de maison, des draps jusqu’aux nappes. La vie est Belt transforme des pneus de vélo en ceintures, et Chaussettes Orphelines upcycle des chaussettes en gants et mitaines !


Selon le bilan du marché de la mode par l’IFM; ici, 36% des marques interrogées vendaient déjà des vêtements upcyclés en 2022, 12% en avaient le projet. L’upcycling serait-il incontournable pour les marques textiles dans les prochaines années ?




Sources d’inspirations

Bilum : Fabrick : Marlène Rougier : Resap :
Alice Chevallier
Rédigé par Alice Chevallier
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Designer
Designer prototypiste. Spécialisée dans la conception de dispositifs et équipements en textiles techniques et matériaux souples dédiés aux activités et sports de plein air, au transport et protection d'équipements. En veille sur les matériaux innovants, les nouvelles technologies.

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