IA générative : qu'en est-il dans les CFA ?

Depuis maintenant plus de 2 ans qu'elle est entrée dans la vie du grand public, l'IA générative a commencé à s'intégrer dans les pratiques de formation des CFA. Des études commencent à faire un état des lieux des usages en développement, tandis que l'UNESCO continue d'avancer sur la proposition d'un cadre pour l'éducation à l'IA.

Des usages en développement

D’après une étude menée par Stratice (2024) auprès de plus de 600 formateurs et 1 100 apprenants, l’IA générative se développe largement dans les CFA. Les formateurs sont 46 % à l'utiliser, surtout pour s'aider dans leur préparation de cours : explorer de nouvelles idées, approfondir des sujets, rédiger et reformuler des contenus pédaogiguqes. Les apprenants sont 72 % à l'utiliser, mais pas de façon systématique, principalement pour effectuer des recherches, structurer leurs devoirs ou encore surmonter les pannes d’inspiration.

Ce qui unit les deux publics ? Une recherche de gain de temps. Pourtant, leurs pratiques restent largement parallèles, sans réelle coordination : les apprenants utilisent ces outils de façon spontanée, tandis que les formateurs expriment des réserves à les utiliser avec eux, notamment sur le risque de "raccourcis" que les apprenants pourraient prendre et qui nuiraient à l’apprentissage en profondeur.

Une intégration qui vient questionner les modalités pédagogiques

L’utilisation des IAG par les apprenants incite néanmoins les acteurs de la formation professionnelle à adapter leurs méthodes pédagogiques et d’évaluation. Une étude conduite par Ainoa (2024) montre que de nombreux CFA réinterrogent leurs approches : comment vérifier les acquis si l’IA peut produire des textes crédibles en quelques secondes ? Les formateurs privilégient alors les modalités d’évaluation qui valorisent la réflexion, l’argumentation, la compétence pratique : oraux, écrits réflexifs, évaluation par les pairs, mises en situation sans outil numérique.

Certaines approches émergent :

• intégrer l’IA dans la consigne, comme point de départ d’un travail critique
• questionner les choix opérés par les apprenants dans leurs usages de l’IA, pour évaluer leur compréhension réelle.
• l’utiliser pour créer des quiz techniques ou des scénarios de jeu

En bref : passer d’une logique de restitution à une logique d’usage et de raisonnement.

Une demande de formation unanime

Formateurs comme apprenants expriment majoritairement le même besoin d'être formés à un usage responsable de ces technologies. L’étude d'Ainoa relève que pour ce faire, les formateurs attendent des modules courts et pratiques : tutoriels, webinaires, démonstrations sur cas réels.

L’UNESCO appuie cette nécessité avec la publication, en février 2025, de deux référentiels de compétences visant à aider les pays à structurer un cadre de formation à l'IA pour l'éducation. Un référentiel pour les enseignants, l’autre pour les apprenants : ils encouragent tous deux une maîtrise progressive, du simple usage à la création de solutions avec l’IA, tout en insistant sur l’éthique, la perspective humaine et la compréhension des technologies sous-jacentes. 

Le référentiel pour les apprenants décrit 12 compétences, réparties en 4 dimensions sur 3 niveaux de progression.

Le référentiel pour les enseignants présente 15 compétences réparties 5 dimensions, dont 3 communes à celles des apprenants, sur les 3 mêmes niveaux de progression

Dans les formations aux métiers manuels, où l’apprentissage repose sur la pratique et l’expérience, l’IA ne remplace pas la main, mais elle peut enrichir la tête. En soutenant la conception des cours, en outillant l’évaluation, ou en favorisant la réflexion critique des apprenants, elle devient une modalité supplémentaire intéressante. À condition de former les équipes des CFA, d'accompagner les usages des jeunes, et d'adapter les méthodes pédagogiques. Une transition de la formation professionnelle pour préparer les professionnels de demain à des environnements de travail où l’IA sera omniprésente.