Aucune activité humaine n’est dénuée d’impact, et le cuir cultivé en laboratoire ne l’est pas non plus. La comparaison avec l’impact environnemental d’un cuir animal, en revanche, semblerait à l’avantage du cuir cellulaire. Un point qui sera confirmé ou infirmé lorsque nous aurons davantage de recul sur cette activité encore récente.
Du point de vue de la bioéthique animale, même principe : aucun animal n’est tué, ni même élevé, pour la biofabrication du cuir. Puisque si les animaux ne sont pas élevés pour leur peau en France, l’industrie du cuir n’utilisant que les animaux abattus pour l’alimentation, ce n’est pas le cas partout dans le monde. Le prélèvement de cellules pour la biofabrication de cuir, lui, est effectué sans douleur par biopsie sur un animal vivant, qui poursuit reprend ensuite le cours de sa vie. Et un seul prélèvement suffirait à produire des milliards de mètres carrés de matière première, le renouvellement cellulaire étant réplicable à l’infini.
Le cuir cellulaire soulève cependant de nombreuses questions, auxquelles le manque de recul sur une technologie récente ne permet pas encore de répondre. La culture de ces peaux nécessite des ressources, notamment de l’eau, des nutriments et de l’énergie pour faire fonctionner les bioréacteurs dans lesquels se développent les cellules. Avec quel impact environnemental ? Quelle toxicité associée ? Et peut-on d’ailleurs considérer comme éthique la culture de cellules animales en laboratoires pour obtenir des peaux ? Puisque le cuir cellulaire n’est pas pour autant considéré comme végan, la matière première, la cellule souche, restant d’origine animale.
Reste enfin la question des conséquences sur les métiers du cuir. Le cuir français est issu uniquement d’animaux élevés pour leur viande, pas pour leurs peaux, limitant l’impact sur les éleveurs. Mais qu’en est-il des tanneurs ? Si le biomatériau développé par Vitrolabs conserve l’étape du tannage, celle-ci est abrégée, et il n’en sera peut-être pas de même pour de futurs biomatériaux utilisant le même procédé.
Certes, le cuir cellulaire coûte actuellement cher. Voire très cher. Il n’est réellement accessible qu’aux grands groupes et marques de luxe, avec une offre restreinte. Ces freins devraient cependant s’assouplir à mesure que la recherche et le développement progresseront, puisque les domaines d’application sont vastes et la demande forte, portée par les exigences morales des consommateurs autant que par les objectifs environnementaux de demain.
Conclusion ? Le cuir du futur pourrait bien sortir d’un laboratoire, plutôt que d’un abattoir.
Cette startup fabrique un cuir biosynthétique plus vrai que nature - UP' Magazine
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