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Les habitudes numériques des entreprises de la filière bois
Crédits: Compagnons du Devoir

Les habitudes numériques des entreprises de la filière bois

Nicolas-t Digaire-t
par Nicolas-t Digaire-t - Publié Il y a 3 ans
Les habitudes numériques des entreprises de la filière bois
Crédits: Compagnons du Devoir

1 | Introduction


1.1 | Contexte et enjeux


Le numérique s’est depuis longtemps imposé bien au-delà de l’ordinateur familial. Internet a élargi le champ d’action du numérique à tous les aspects de notre vie, grâce à des applications de plus en plus mobiles, au matériel de plus en plus portable, aux applications de plus en plus poussées et faciles d’accès.
Les utilisons-nous dans notre activité professionnelle ? Comment nous sommes-nous approprié ces outils ? À quel point nos usages du numérique sont-ils conditionnés par le marché ? Toutes les étapes sont concernées : de la visibilité web à la gestion de devis, en passant par la conception-production jusqu’à la mise en oeuvre et au suivi client...
Le numérique est potentiellement présent à tous les niveaux de l’entreprise. Quel est son impact sur chacune de ces étapes ? Apporte-t-il une amélioration concrète de nos pratiques quotidiennes ? Est-il fait pour tous les types d’entreprises et secteurs d’activités ?
Dans la continuité du travail prospectif sur le devenir du métier porté depuis de nombreuses années par les Compagnons du Devoir, le pôle d’innovation Pibois travaille et s’interroge plus spécifiquement sur le devenir des métiers de la seconde transformation du bois. En effet, Pibois se caractérise comme un acteur ayant un regard sur l’ensemble des faits impactant les métiers. Cette vision de l’homme de métier permet de rester en phase avec le quotidien des entreprises et facilite le dialogue.
Dans ce contexte, afin d’avoir une vision globale de l’utilisation des outils numériques dans la seconde transformation du bois, il semblait important de mener une enquête sur les usages et consommations des solutions numériques des entreprises des secteurs de l’ébénisterie, de la menuiserie, de l’agencement, de la charpente et de la construction bois.
Cette enquête porte sur les matériels et équipements de production, les outils et stratégies de communication ainsi que, plus globalement, sur les enjeux du numérique pour les entreprises de charpente et de menuiserie.
Les résultats sont organisés selon l’effectif des entreprises.


1.2 | Environnement de l’enquête


Cadrage méthodologique
L’étude restituée ci-après a été réalisée par l’intermédiaire d’un questionnaire en ligne. La période d’enquête s’étale de juillet à septembre 2018. Ce questionnaire a été adressé à 8 900 entreprises et a reçu 576 réponses de la part des filières du bâtiment et de l’ameublement. Parmi celles-ci, on retiendra 555 entreprises de la filière bois réparties comme suit :




Le profil d’activité des participants est le suivant.
Les données sont présentées sous forme de taux de pénétration et incluent donc la possibilité de réponses multiples :





2 | matériels et équipements


Dans cette partie, il est question d’analyser le type de matériel informatique utilisé par les entreprises, la part souhaitant y accéder, ainsi que l’effectif représenté par les TPE/PME de la filière ayant déjà accès à ce matériel.

2.1 | Matériel informatique


En termes de matériel informatique utilisé, nous pouvons percevoir une nette préférence des participants pour les ordinateurs du type « classique », répartis presque équitablement entre fixes et portables. Nous remarquons également que nous avons 307 réponses de plus que le nombre de répondants, ce qui laisse entendre que des entreprises ont plusieurs matériels. Voilà une preuve quantitative de l’existence d’un niveau d’équipement a minima au sein des entreprises.




La ventilation du type d’outil en fonction de la taille de l’entreprise ne varie pas vraiment, mis à part pour l’utilisation de serveur qui est nettement plus présente chez les entreprises de plus de 10 salariés.





2.2 | Usage

L’utilisation principale des outils informatiques est sans aucun doute largement dédiée à la comptabilité/gestion et représente 95 % des participants.





Cette vérité n’est pas aussi marquée d’une taille d’entreprise à l’autre. En effet, nous pouvons remarquer que le taux d’usage (exprimé en base 100) pour la comptabilité/gestion peut varier d’une taille d’entreprise à l’autre d’une dizaine de points. Une piste d’explication possible peut être le fait que les entreprises ont tendance à externaliser ces tâches en grandissant. Le deuxième usage est l’utilisation d’outils de dessins informatiques avec 71 % des suffrages. Il est suivi de près par la communication avec 69 % répartis équitablement suivant la taille des entreprises.
Nous pouvons nous rendre compte que l’utilisation d’outils de programmation machine varie également grandement suivant la taille de l’entreprise. Il est possible que cela soit en lien avec le type d’outils disponible au sein des entreprises. Un certain nombre de participants ont tenu aussi à préciser qu’ils utilisaient en outre l’outil informatique pour générer des notes de calcul de structure.





2.3 | Équipement numérique métier

Sur l’ensemble des réponses à cette question, nous avons 64 % des participants qui affirment être déjà équipés d’outils numériques et, inversement, seulement 5 % qui ne pensent pas s’équiper. Parmi les 31 % qui affirment ne pas être équipés, un tiers considère ne pas avoir les moyens d’un tel investissement et presque la moitié n’en voit pas l’intérêt. Les raisons principalement évoquées de ne pas être équipé sont un départ en retraite approchant, le manque de place dans l’atelier ou encore le manque d’utilité au vu du volume de production.






Nous pouvons remarquer sur le schéma précédent que près de 86 % des entreprises de plus de 10 salariés ayant répondu sont équipées en outils numériques métier, contre un peu plus de 50 % des entreprises de moins de 5 salariés.
De la même façon, nous nous apercevons que l’intérêt de s’équiper en outils numériques métier croît significativement avec la taille de l’entreprise. Ce constat est également corrélé à la question de la capacité d’investissement des entreprises.
Pour les entreprises non encore équipées, mais souhaitant le faire, 11 % d’entre elles envisagent d’acquérir un logiciel de dessin 2D contre 51 % pour un logiciel de dessin 3D. Par ailleurs, 27 % d’entre elles souhaitent mettre en oeuvre un centre d’usinage ou robot de taille, comme le montre le graphique ci-après.
Si le choix d’acquisition se partage équitablement entre un centre d’usinage ou un robot de taille et un logiciel de dessin 3D pour les entreprises de plus de 10 salariés, il semble que ce choix soit moins évident pour les autres entreprises.
En effet, la moitié des entreprises ayant entre 6 et 9 salariés souhaitent investir dans un logiciel d’ERP contre 5 % pour les entreprises de moins de 5 salariés. Par ailleurs, l’appétence des structures les plus petites est largement dominée par les logiciels de dessin 3D.
Effectivement, si l’acquisition de centre d’usinage ou d’un robot de taille et d’un logiciel de dessin 2D est pratiquement équivalent, il en est tout autrement pour les logiciels de dessin 3D qui subissent une forte demande pour les entreprises de moins de 5 salariés, 62 %, contre 17 % pour les entreprises entre 6 et 9 salariés.






Pour ce qui est de la répartition des types d’outils numériques présents dans les entreprises, force est de constater que la présence d’un centre d’usinage est à peu près équivalente suivant les tailles des entreprises. Les machines de taille sont, quant à elles, bien plus présentes dans les entreprises de plus de 10 salarié avec, respectivement, 11,5 % pour les plus de 10 salariés et 5 % pour les moins de 5. Si nous cumulons la présence de centres d’usinage à celle de robots de taille, il apparaît que les entreprises de plus de 10 salariés sont plus équipées que celles de moins de 5 salariés, à hauteur d’un écart de 10 points.
Comme pour le constat formulé pour les centres d’usinage, l’utilisation de logiciels de dessin 2D est équitablement répartie selon les tailles d’entreprises. Cependant, la présence de logiciels de dessin 3D est plus marquée dans les petites entreprises avec 36 % de citation pour les moins de 5 salariés, contre 22 % pour les plus de 10 salariés. Nous pouvons également constater que l’utilisation de logiciels de gestion (ERP ou CRM) ne varie pas significativement suivant la taille des entreprises, avec une utilisation moyenne de 12 % pour les ERP et 9 % pour les logiciels de gestion client.










L’enquête indique également que le choix des équipements est tout d’abord influencé par la performance de l’outil (58 % des réponses). Dans 32 % des cas, le choix a été fait à l’occasion d’une visite sur un salon professionnel, 22 % des participants suite à une démarche commerciale. Le bouche à oreille demeure le meilleur vecteur de déclenchement de l’achat, représentant 46 % des réponses (après échange avec des confrères).
Internet arrive en queue de peloton avec seulement 12 % des suffrages. Dans 8 % des cas, le professionnel connaissait déjà le matériel, que cela soit lors d’une formation ou d’un précédent emploi. De manière ponctuelle, des opportunités d’achat constituent également des raisons de choix, par exemple du matériel d’occasion ou encore des ventes aux enchères.
Parmi les entreprises déjà équipées d’outils numériques, nous constatons une réelle volonté des entreprises de moins de 5 salariés à s’équiper d’un centre d’usinage pour 35 % d’entre elles, contre 22 % pour les plus de 10 salariés. Concernant les machines de taille, les entreprises entre 6 et 9 salariés souhaitent s’équiper à hauteur de 20 %.
Si le souhait d’acquisition d’un logiciel de dessin 2D est faible et homogène suivant la taille des entreprises, il en est tout autrement pour les logiciels de dessin 3D, excepté les entreprises entre 6 et 9 salariés. Elles représentent plus de 20 % du choix d’acquisition pour les autres entreprises (25 % pour les plus de 10 et 19,5 % pour les moins de 5).
Comme nous pouvions l’imaginer, le souhait d’acquisition d’un logiciel ERP est grandissant suivant la taille de l’entreprise. Le souhait d’avoir un logiciel de gestion client est homogène suivant la taille des entreprises avec une moyenne de 18 %.




On retiendra des précédents constats qu’une entreprise va privilégier l’acquisition d’un logiciel de dessin. Dans le cas d’un équipement complémentaire, l’entreprise optera pour un outil numérique de production (centre d’usinage/robot de taille).



3 | STRATÉGIE DE COMMUNICATION


La communication reste une vraie question pour de nombreuses entreprises. La nécessité de visibilité, de transmission des messages peut paraître parfois compliquée au vu de la multiplication des canaux de communication. L’ambition de cette partie de l’étude est de dresser le profil des entreprises de la filière en la matière.

3.1 | Stratégie


Seulement 35 % des entreprises ayant répondu estiment avoir une stratégie de communication et de commerce digital. Or, 54 % des entreprises interrogées communiquent sur les réseaux sociaux et 78 % affirment disposer d’un site internet. On en déduit que le lien entre outil de communication numérique et stratégie de commerce digital n’est pas naturel. Sans être certain de cette possibilité, on peut imaginer que la communication numérique est envisagée dans le sens d’une vitrine statique, plutôt que d’un site internet marchand, et ce de manière indifférente selon la taille des entreprises ayant répondu. Pour les entreprises du secteur, disposer d’un outil de communication numérique peut être identifié comme une fin en soi et non pas comme un support portant une finalité de développement d’une image ou d’une activité commerciale.


3.2 | Outils de stockage en ligne


Si les outils de stockage en ligne sont en effet bien connus, 2 % seulement des participants affirment ne pas les connaître. Ils ne sont cependant utilisés que par 35 % des participants. Le recours à ces outils correspond à des usages variés :

•    Dans 43 % des cas pour la sauvegarde de documents ;
•    Dans 33 % des cas pour permettre d’accéder à ses documents n’importe où ;
•    Dans 24 % des cas pour partager des documents avec ses équipes.






Selon la taille de l’entreprise, le recours à un outil de stockage en ligne est différent. En effet, nous remarquons que pratiquement 50 % des entreprises de moins de 5 salariés ne l’utilisent pas. En revanche, 31 % des entreprises de plus de 10 salariés y ont recours. L’utilisation du stockage en ligne est proportionnellement grandissante en fonction de la taille de l’entreprise.




3.3 | Usages du Smartphone


Le Smartphone comme outil de communication et d’échange de documents n’est utilisé comme tel que dans 38 % des cas, tandis que 8 % des participants affirment y penser. Contrairement au stockage en ligne, nous pouvons voir ici apparaître une nette différence d’utilisation du Smartphone suivant la taille des entreprises. Plus l’entreprise est grande et plus cet outil est utilisé comme outil de partage de documents, avec pratiquement deux fois plus d’utilisateurs entre les entreprises de moins de 5 et celles de plus de 10 salariés.





4 | LES ENJEUX DU NUMÉRIQUE


4.1 | Enjeux


Le numérique est bien un enjeu de plus en plus présent au sein des organisations. La prise de conscience est plus ou moins marquée selon les organisations. En effet, si plus d’une entreprise sur deux considère que le numérique est un enjeu stratégique, seulement 46.5 % des entreprises de moins de 5 salariés en ont pris conscience. L’incertitude est majeure pour cette catégorie d’acteurs qui affirme à plus de 20 % ne pas savoir se positionner sur ce sujet.





Inversement, les entreprises de plus de 10 salariés affirment pour 70 % d’entre elles que l’enjeu est clair. L’indécision persiste en la matière. Les structures les plus grandes affichent une part de « Non » la plus faible, comme le montre le graphique ci-dessus.
Sur cette question numérique, la question de la veille technologique est un sujet de premier plan. Il est globalement partagé par l’ensemble des acteurs de la filière, qui répondent par l’affirmative à plus de 95 % à la question « Est-il important de se tenir informé des évolutions technologiques ? » Cependant le constat est à modérer. En effet, dans 45 % des cas, cette veille n’est pas faite faute de temps ou de complexité de réalisation.
On remarque un décalage de comportement entre les plus grosses structures et les plus petites, comme le montre le graphique ci-dessous. La part de la veille effectivement réalisée chez les entreprises de plus de 10 salariés avoisine les 60 %, soit 10 points de plus que la moyenne du marché.





4.2 | Modalités informatives


Les sources d’information multilatérales


Lorsque la question sur les canaux d’information utilisés par les professionnels est posée, les réponses sont relativement bien réparties. Internet est devenu un canal au même titre que les canaux traditionnels comme les salons professionnels, les échanges avec les fournisseurs ou encore le bouche à oreille avec les confrères. Chez les entrepreneurs de moins de 5 salariés, le poids d’internet est le plus important avec plus de 25 % des réponses. Cette place prépondérante est conquise au détriment de la position des salons professionnels, qui représente un taux de citation de quasiment 10 points de moins, comparée aux autres canaux d’information.




L’efficacité de ces différents canaux apparaît somme toute relative. En effet, seule une sur deux semble satisfaite de l’objectivité des informations récoltées. Ce constat est partagé sur l’ensemble des catégories de participants.




4.3 | Impacts


Tous les domaines de l’entreprise sont impactés par la transition numérique. Il existe peu de différence d’une taille d’entreprise à l’autre. Les trois principaux sujets d’attrait sont :
- L’administratif ;
- La conception ;
- La communication.
Juste derrière on retrouve la fabrication. Le management est quant à lui défini comme le sujet de moindre importance, notamment par les entreprises de moins de 5 salariés, ce qui paraît un constat tout à fait logique.



Sur le numérique, les compétences qui restent à être intégrées par les entrepreneurs sont largement orientées sur les fonctions de conception, et tout particulièrement le recours à des logiciels de conception. Les sujets relatifs à la production, à la formation ou à la communication font également partie des choix de premier ordre pour les entreprises.



Focus : maquette numérique — building information modeling (BIM)

Contrairement aux questions précédemment posées, qui affichaient une relative cohérence parmi les typologies de participants, on ne retrouve pas cette homogénéité dans les réponses données sur le sujet de la maquette numérique. En effet, plus l’entreprise est de grande taille, plus elle semble sensibilisée à l’usage du BIM. Plus de 43 % des entreprises de moins de 5 salariés ne connaissent pas la maquette, quand seulement 8 % l’affirment chez les plus de 10 salariés. C’est également auprès de cette population que la maquette est la plus utilisée, même si cela reste encore une part minime des participants.




5 | CONCLUSION


Cette enquête — qui ne se veut pas exhaustive — liée aux métiers et aux activités de l’entreprise, à leur taille, ainsi qu’à leurs équipements, nous permet néanmoins d’identifier une évidente disparité des besoins et des usages. Ce questionnement et ces résultats permettront aux entreprises d’avoir une vision de l’impact du numérique dans la filière et de lancer une démarche d’autodiagnostic, voire de recherche de solutions pouvant améliorer leur quotidien.

Aujourd’hui, ces outils ne sont plus réservés à l’industrie et à la fabrication en série. Ils sont de plus en plus ergonomiques et de moins en moins onéreux. Ils permettent l’optimisation de fabrication de pièces uniques, participent à la diversification des matériaux utilisés, réduisent la manutention et les accidents du travail. Tous facilitent la gestion quotidienne. Leurs atouts séduisent de plus en plus d’entreprises et laissent envisager que celles qui sont non-équipées se feront toujours plus rares.

En effet, si nous analysons l’utilisation des outils numériques dans leur globalité et non comme outils de production, nous nous apercevons qu’un « simple » Smartphone devient un outil à part entière, dépassant sa fonction initiale de la téléphonie. Il permet de rechercher des informations ou des tutoriels sur internet, de partager des documents et des photographies, de lire des plans ou encore d’assurer le suivi de chantier via une application dédiée.

Ces solutions mettent les entreprises dans une démarche BIM sans qu’elles s’en rendent compte. En effet, le BIM est avant tout une méthode de travail permettant le partage d’informations fiables de tous les éléments constituant un bâtiment dans une maquette numérique 3D. Autrement dit, ce n’est « que » du travail collaboratif autour d’une représentation digitale en 3D des caractéristiques physiques et fonctionnelles d’une construction.

Autant de points soulevés qui restent trop souvent sans réponse ou sans plus d’information… Assurément, l’un des grands enjeux pour les entreprises est de trouver le temps de muter culturellement sur ces sujets du numérique dans le contexte de la gestion quotidienne des activités de production proprement dites. Or, l’environnement évolue si vite aujourd’hui qu’il faudrait pouvoir se consacrer à plein temps à ces enjeux de demain qui se construisent aujourd’hui.





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